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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 08:24

ESSAI SUR LA CONDITION DES BARBARES ÉTABLIS DANS L'EMPIRE ROMAIN AU IVè SIÈCLE

 

Chapitre IV - Les Læti.

 


Condition des Læti : 3° leurs droits, 4° leurs Præfecti. — Les Læti et les Lidi du Moyen Âge.

 

Les Læti formaient des corps spéciaux ; toutefois il paraît que dans certaines circonstances on les enrôlait parmi les légionnaires pour combler les vides faits soit par la guerre civile, soit par la guerre étrangère. Ammien nous dit quelque part qu’Arbétion avait reçu l’ordre de prendre les devants avec les lancearii et les mattiarii, qui faisaient partie des légions palatines, tandis que Gomoarius et les Læti occuperaient le défilé appelé Succorum angustiæ, dans le mont Hémus ou les Balkans modernes[55]. Ce simple rapprochement ne suffit pas, ainsi que le remarque Böcking, pour justifier l’hypothèse de l’admission habituelle des Læti dans les légions[56]. En tous cas, si les Læti pouvaient être mêlés aux légions ou à d’autres corps tels que les Gentiles et les Scutarii[57], c’était plutôt une exception que la règle et l’on n’en trouverait d’exemples que dans une époque relativement postérieure.

Les Læti n’étaient pas seulement des soldats, milites ; un second caractère qui leur est propre était celui de colons (γεωργοί). Ils recevaient de l’empereur, comme les vétérans, des terres à titre de solde ou de récompense et devaient les cultiver en même temps qu’ils étaient chargés de les défendre[58]. On leur en abandonnait le revenu et dès lors ils étaient intéressés à les faire fructifier comme à les protéger contre les incursions étrangères. Sous ce rapport la condition des Læti se rapprochait de celle des Barbares transplantés comme colons, mais elle s’en séparait par une différence notable. Ces derniers cultivaient eux-mêmes le sol, soit pour le compte de l’État, soit pour un maître sur le domaine duquel ils se trouvaient établis, tandis que les Læti n’étaient retenus que par un simple engagement volontaire, avaient eux-mêmes la propriété du sol qui leur avait été concédé, n’étaient soumis ni à la capitation, ni à aucune redevance, ni aux ordres d’un maître et avaient le droit de faire cultiver leurs terres par des esclaves non imposés, droit qu’ils partageaient avec le fisc et les vétérans[59]. Aussi ne peut-on admettre complètement l’opinion de Böcking qui les assimile aux colons attachés à la glèbe[60]. Soldats en temps de guerre, les Læti devenaient des laboureurs en temps de paix, et cette institution concourait ainsi avec le colonat au double but que se proposait la politique impériale, fournir des bras à l’agriculture et des recrues aux armées.

 

Chaque colonie de Læti avait à sa tête un Præfectus ou præpositus qui la commandait[61]. Quel était le caractère de ce chef ? De quelle nature étaient ses attributions ? Nous possédons un texte du Code Théodosien curieux à cet égard[62]. Les empereurs Valentinien, Valens et Gratien, dans un rescrit adressé à Probus, préfet du prétoire, l’an 369, énumèrent les dignités d’un ordre inférieur, moitié civiles, moitié militaires, dont les titulaires ne jouissaient pas des privilèges réservés aux autres officiers de l’armée. Les Præpositi ou Præfecti Lœtorum y figurent à côté des préfets des arsenaux, præpositus fabricæ, et des préfets de la flotte, præpositus classi. Ils sont opposés aux fonctionnaires purement militaires, militaribus palatinisque. Il semble résulter de ce texte que le préfet des Læti devait fournir des répondants avant d’entrer en fonction. Cette opinion, combattue par Godefroi, a été soutenue par Valois avec une certaine vraisemblance, car il n’y a aucune raison pour ne pas appliquer aux Prœposituræ des Læti ce qui se rapporte aux autres Prœposituræ, surtout lorsqu’il s’agit de Barbares avec lesquels Rome aimait à s’entourer de précautions, parce qu’elle n’était jamais complètement sûre de leur fidélité[63]. On arrivait à cet emploi de deux manières, soit par l’élection, ambitu sulfragiisque, soit par les états de service, militiæ labore decurso. Ceux qui avaient passé par les degrés de la milice étaient préférés et seuls admis au bénéfice de l’immunité[64]. Si l’empereur ne les désignait pas lui-même, il est probable0104.JPG qu’il se réservait l’approbation du choix. Les Præfecti Lœtorum étaient-ils des Romains ou des Barbares ? On devait les prendre généralement parmi les Romains, surtout au début de l’institution, mais les noms mêmes de plusieurs de ces chefs de corps prouvent qu’ils n’étaient pas toujours des Romains ; les Germains, illustres par leur naissance, ou qui s’étaient distingués au service de l’Empire, étaient appelés eux aussi à commander leurs compatriotes[65]. Était-ce une fonction civile ou militaire ? Le préfet des Læti n’avait-il, comme le supposent Zumpt et Opitz[66], que l’administration intérieure, tandis qu’à la guerre les Læti auraient été conduits par un autre chef spécial ? Le caractère même attribué par la constitution impériale que nous avons déjà citée à la Prœpositura des Læti contredit cette assertion ; ils ne devaient avoir qu’un seul préfet chargé de l’administration civile de la colonie et du commandement militaire ; l’organisation de ces colonies était surtout une organisation militaire ; leur liberté civile et politique devait être assez limitée ; le code qui les régissait devait être un code militaire ; elles se trouvaient placées sous la basse juridiction de leurs préfets et sous la haute juridiction du maître de la milice[67]. Nous n’avons du reste sur ce point aucune indication précise et nous sommes réduits aux conjectures. Ce qui a pu faire supposer que les Læti avaient un chef pour la paix et un chef pour la guerre, et même qu’il y avait eu deux sortes de Læti, des Læti militaires et des Læti paysans, c’est que parmi les constitutions du Code Théodosien relatives aux Lodi, les unes sont adressées au maître de la milice et les autres au préfet du prétoire des Gaules. Les Lei, nous l’avons vu, avaient un double caractère, celui de soldats et de colons ; comme soldats ils ne relevaient que du maître de la milice, mais comme colons ils rentraient sous la juridiction spéciale du préfet du prétoire chargé de toutes les affaires civiles, du maintien des privilèges et de la distribution des terres[68].

Profondément distincts des Dedititii auxquels Julien les oppose dans sa fameuse lettre à l’empereur Constance[69], les Læti occupent un rang supérieur et ne doivent point être confondus avec les recrues ordinaires fournies par les propriétaires, par les maîtres des colons ; ils sont engagés volontaires ; cet engagement toutefois les lie d’une manière assez étroite, puisqu’ils le prennent non seulement pour eux mais pour leurs descendants et ne peuvent plus le rompre sous peine des mêmes châtiments que ceux qu’on inflige au soldat déserteur : ils contractent des obligations nombreuses en échange des droits qui leur sont accordés et forment une population, semi-agricole, semi-guerrière, sur le territoire de l’Empire, séparée sans doute du reste des habitants par son origine étrangère et son organisation à part dans les cantonnements militaires, mais tellement naturalisée dans les Gaules qu’au bout de quelques générations, Zosime pouvait les appeler un peuple gaulois, έθνος Γαλατκόν[70], ce qu’il n’aurait jamais dit des Fœderati. La condition des Læti, supérieure à celle des Dedititii, était inférieure à celle des Fœderati ; on ne peut les assimiler l’une à l’autre comme l’ont fait plusieurs de nos historiens et de nos jurisconsultes modernes. C’était une classe de Barbares intermédiaire entre les Dedititii et les Fœderati, ou plutôt entre les soldats des frontières limitanei milites, et les nations fédérées, fœderatœ gentes[71]. Il n’y a pas lieu de supposer que le connubium leur fût interdit aussi formellement qu’aux Gentiles. La constitution des empereurs Valentinien et Valens ne devait pas s’appliquer à eux[72]. Sans doute les Romains avaient pour principe de ne pas mêler leur sang à celui des étrangers : ce principe se maintint en dépit des exceptions et contribua à rendre de telles unions peu fréquentes[73] ; mais la pénétration des deux éléments, constante au IVe siècle, dut nécessairement aboutir à des mariages mixtes, ainsi que nous l’avons déjà remarqué à propos des Fœderati.

Les Læti, malgré tous les liens qui les rattachaient à l’Empire et qui en firent de précieux défenseurs pour les frontières de la Gaule, ne cessaient pas de demeurer barbares par leurs habitudes comme par leurs tendances naturelles ; l’amour du pillage et du brigandage qu’on retrouve chez tous les peuples à demi civilisés se réveillait en eux à la moindre occasion. Habiles à saisir le moment favorable avec cette astuce qui a toujours caractérisé leur race, ils profitèrent, l’an 357, des déprédations des Allamans, que Barbation cherchait à enfermer dans les défilés du pays des Rauraques, non loin de Bâle, pour se glisser furtivement entre les deux armées et fondre sur Lyon. Cette grande et populeuse cité, nous dit Ammien[74], qui ne s’attendait point à une pareille attaque, eût été infailliblement la proie des flammes, si l’on ne se fût empressé d’en fermer les portes. Chassés de la ville, ils se répandirent dans les environs, qu’ils dévastèrent. Les déserteurs, les maraudeurs, les infracteurs à la discipline militaire ne manquaient pas parmi les Læti, nous en avons la preuve dans les textes de lois du Code Théodosien, portées contre eux, afin de réprimer ou de prévenir de tels abus[75]. C’est aussi dans nos régiments d’Afrique, composés d’engagés volontaires ou d’indigènes, que les actes de rébellion et d’insubordination se renouvellent le plus souvent malgré la bravoure qui les distingue.

Les Læti ont-ils cessé d’exister avec l’Empire romain, comme le croit Rambach[76], ou ont-ils survécu à la chute de cet Empire pour se perpétuer pendant tout le moyen âge et dans tous les pays occupés par les races germaniques ? Cette dernière opinion est celle de Böcking[77]. La question, réduite à ses véritables termes, revient à dire : les Lètes des Francs, leti, liti, lidi, descendent-ils des anciens Læti de l’Empire[78] ? On ne peut méconnaître l’origine germanique de la condition létique que les Romains modifièrent en la transplantant sur le sol de la Gaule. Les Læti de l’Empire ne relevaient d’aucun maître particulier comme les lidi de l’ancienne Germanie, ou les lidi de la loi salique, mais ifs devenaient en quelque sorte les vassaux de l’empereur, étaient tenus, sinon de lui payer une redevance, du moins de cultiver les terres qui leur étaient concédées et de remplir l’obligation du service militaire comme le vassal à l’égard de son seigneur. Ces analogies auxquelles se joint la communauté évidente du nom ont été parfaitement indiquées par M. Guérard dans son Polyptyque d’Irminon[79], mais elles ne suffisent point à établir un lien de descendance directe. Les Læti étaient des cultivateurs libres, tandis que les Lidi sont des cultivateurs serviles ; les terres concédées aux Læti étaient des terres publiques, tandis que les Lidi recevaient des biens privés. En somme, ce n’est pas dans les anciens corps létiques au service de l’Empire qu’il faut chercher les Lidi de la loi salique[80]. Ces derniers, véritables descendants des colons germains, furent amenés par les Francs suivant l’usage qu’avaient les Barbares de se faire accompagner dans leurs expéditions par leurs familles, et dans la famille étaient compris les serviteurs, les esclaves, comme chez les Romains. Quant aux Læti, Pardessus croit, non sans raison, qu’ils furent admis à reprendre leur franchise originaire, qu’ils s’incorporèrent aux vainqueurs et conservèrent leurs terres létiques en pleine propriété, au même titre que les vainqueurs en acquirent par le partage, fruit de la conquête[81]. Ils ne quittèrent pas les drapeaux de Rome au premier moment où l’armée de Clovis s’avança dans la Gaule, mais il est probable que, se considérant comme libres de leurs engagements, par le résultat du renversement de la puissance romaine, ils ne tardèrent pas à reconnaître l’autorité du roi des Francs.

 

[55] Ammien, lib. XXI, c. XIII.

[56] Böcking, De Lœtis, p. 1070.

[57] Ammien, lib. XX, c. VIII.

[58] Rambach, De Lœtis, p. 31.

[59] Böcking, De Lœtis, p. 1070. — Cf. Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 8 ; Zumpt, p. 28.

[60] Böcking, De Lœtis, p. 1069.

[61] Ibid., II, p. 119 et suiv.

[62] Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 10. — Rambach, De Lœtis, p. 30.

[63] Rambach, De Lœtis, p. 30.

[64] Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 13.

[65] Böcking, De Lœtis, p. 1068.

[66] Zumpt, p. 62. — Opitz, p. 28.

[67] Sybel, p. 44.

[68] Böcking, De Lœtis, p. 1069-1070, notes. — Sybel, p. 38.

[69] Ammien, lib. XX, c. VIII.

[70] Zosime, lib. II, c. LIV.

[71] Böcking, De Lœtis, p. 1066.

[72] Böcking, De Gentilibus, p. 1087.

[73] Böcking, De Lœtis, p. 1066.

[74] Ammien, lib. XVI, c. XI.

[75] Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 12. — Ibid., XIII, tit. 11, loi 9.

[76] Rambach, De Lœtis, p. 35.

[77] Böcking, De Lœtis, p. 1071.

[78] Pardessus, Loi salique, 4e dissert., p. 471-475. — Roth, Beneficialwesen, p. 50-51.

[79] Guérard, Polypt. d’Irm., t. I, p. 275.

[80] Pardessus, loc. cit.

[81] Pardessus, loc. cit.


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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 14:33

Ville romaine en Gaule saccagée par les hordes d’Attila, par George-Antoine Rochegrosse 


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Cliquez ici pour voir le tableau en couleur et en détail 

 

Voir l'article sur Attila sur le Blog de Lutèce

 


Georges-Antoine Rochegrosse est né à Versailles le 2 août 1859 et est mort en Algérie en 1938.

Au début de sa carrière il pratique la peinture d'histoire et s'essaye au symbolisme. Puis il se tourne vers l'orientalisme en découvrant l'Algérie où il s'installe en 1900. Après la mort de son épouse, il s'illustrera dans la peinture religieuse.

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 06:16

La langue des francs, le francique, était un dialecte germanique, peu différent des autres ; il y avait d’ailleurs un germanique commun, qui permettait aux différentes ethnies de communiquer entre elles. Plus précisément, le francique appartenait au groupe germanique occidental, appelé parfois teutonique, et qui comprenait deux sous-groupes : d’une part, celui des montagnes du sud, que parlaient les Thuringiens, les Gépides, les Lombards, les Alamans, les Hérules ; d’autre part, celui des plaines du Nord et de l’Ouest, parlé par les Angles, les Saxons, les Frisons, les Bataves, les Francs. Les montagnards parlaient le haut-allemand (hochdeutsch), les hommes des plaines le bas-allemand (niederdeutsch).

Les peuplades germaniques du nord, qui parlait le norrois ou scandinave, et celle de l’Est (Vandales, Jutes, Suèves, Ostrogoths, Wisigoths, Burgondes), qui parlaient le gothique, dans la mesure où elles restèrent au-delà du Rhin et des Alpes et acquirent la culture écrite en dehors de l’influence romaine, gardèrent leur langue propre ; ce qui permit les langues scandinaves, allemande, néerlandaise, anglaise. Celles, au contraire, qui furent intégrées administrativement, puis culturellement, à l’empire Romain, qui leur apportait une grammaire, un code de droit, une littérature, et bientôt une théologie, abandonnèrent le germanique pour le latin. Ainsi pour les Francs : tandis que leurs voisins du Nord et de l’Est (Saxons, Thuringiens, Suèves, Alamans, Bavarois) gardaient leurs dialectes germaniques, ils furent totalement latinisés.

Ce qui n’empêcha pas assez barbares latinisés, et avec eux toute la population d’origine gauloise, de garder un certain nombre de mon germanique qui passèrent dans la langue française. Ce furent surtout des noms ayant rapport à la guerre et à l’équitation : guerre (warra), reître, héraut, hobereau, heaume, haubert, guêtre, botte, hache, harpon, croc, trompette, brandir, gagner, trêve, rosse, haras (et haridelle), trot (et trotter), galop (et galoper) ; mais aussi des noms d’animaux et de plantes : héron, hareng, hanneton, hêtre, houblon, houx, gland, gerbe, grappe ; et des noms de couleurs : bleu, blanc, gris ; et puis beaucoup d’autres d’usage courant : bourg, banc, bloc, bande, bâtir…

Les conquêtes et la conversion de Clovis décidèrent les Francs à adopter le latin. Les conquêtes, car la petite tribu des Saliens, qui tenaient à l’origine sur un petit territoire autour de Tournai, occupa bientôt la Gaule, une contrée incomparablement plus vaste et plus peuplée.295

La population salienne de dépassait pas cent mille habitants ; la truste de Clovis, qui constituait son aristocratie guerrière, avec laquelle il imposa sa royauté à la Gaule, comptait trois mille hommes. Les Gaulois, constitués par 305 que tribu, formaient un peuple de quarante à cinquante millions d’habitants.

 

Alors que son peuple était fortement minoritaire, Clovis, afin de ne former qu’une seule nation proclama l’égalité entre citoyens Gallo-romains et Francs. Ils avaient les mêmes droits civiques et économiques ; avec cette différence que, provisoirement, les francs restaient soumis au droit coutumier barbare et les gaulois au droit Romain écrit. À ce compte, il était impossible d’imposer le francique aux habitants de la Gaule ; ce furent donc que les francs qui apprirent le latin, qui étudièrent la grammaire latine, qui s’initièrent au droit Romain, qui découvrirent la littérature latine. Il faut cependant marquer une exception pour l’Austrasie ; si Reims et les autres cités du Sud restèrent latines, tout ce qui peuplait le territoire à l’est de la Moselle resta fort germanisé. Certes, Cologne, Trèves, Mayence, et dans une certaine mesure Spire et Worms, gardèrent administrativement le latin ; mais la population autour conserva un parler germanique, à cause de l’imprégnation plus profonde par les francs et leurs familles.

 

La conversion de Clovis au catholicisme fut elle-même décisive pour l’adoption de la langue latine. Les évêques et les clercs à parler latin, la liturgie avait lieu en latin, l’Ecriture Sainte et les Pères étaient rédigés en latin. Cette langue devenait la langue unitaire pour les Gallo-romains enracinés dans le christianisme et les Francs nouvellement baptisés.

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 07:57

ESSAI SUR LA CONDITION DES BARBARES ÉTABLIS DANS L'EMPIRE ROMAIN AU IVè SIÈCLE

 

Chapitre IV - Les Læti.

 


Condition des Læti : 1° les Læti colons militaires ; assimilés aux vétérans, 2° leurs obligations.

 

Quelle était la condition des Læti dans l’Empire ? Cette condition, moins connue généralement que celle des Dedititii et des Fœderati, mérite d’être étudiée d’une manière plus particulière. Les Læti étaient avant tout des soldats, milites, comme l’a justement remarqué Rambach[37]. Leur première obligation était le service militaire, (armatæ militiæ obnoxii), obligation héréditaire, qui se transmettait de père en fils, pour eux comme pour les vétérans. Tout fils de Lète devait suivre la condition paternelle et entrer dans les armées romaines dès qu’il avait atteint l’âge prescrit par la loi, c’est-à-dire sa dix-huitième année[38] ; il y était soumis même dans le cas où sa mère seule était d’origine létique[39]. Il ne pouvait pas plus se soustraire à cette obligation que le colon aux charges qui pesaient sur lui par le fait de sa naissance. Le fils d’un Lète qui refusait le service était poursuivi comme déserteur aussi bien que le fils d’un vétéran et ramené de force sous les drapeaux. Le texte de la constitution des empereurs Arcadius et Honorius, datée de l’an 400 et adressée à Stilicon, est formel : Que tout Lète, Allaman, Sarmate, déserteur, ou fils de vétéran ou autre, soumis à la loi du recrutement et destiné à être incorporé dans les légions, reçoive l’éducation et l’instruction militaires[40]. La sévérité du législateur n’admet aucune excuse, aucune dispense (Nulla igitur sit excusationis occasio). L’assimilation est complète ; elle ressort des charges imposées aux Loti comme des droits qui leur sont reconnus. Du Cange, dans son glossaire, fait aussi du service militaire leur caractère distinctif[41]. Les colonies des Læti, destinées comme celles des vétérans à assurer la défense des frontières contre les incursions des ennemis du dehors, étaient de véritables colonies militaires avec cette différence que, au lieu d’être composées de citoyens romains, d’anciens soldats appartenant aux légions, elles étaient formées de Barbares ou d’étrangers appelés à remplacer les provinciales dont le nombre ne suffisait plus pour remplir les cadres des armées. Le Code Théodosien ne renferme que trois ou quatre textes relatifs aux Loti, mais les constitutions impériales sur les vétérans sont beaucoup plus nombreuses, beaucoup plus explicites, et le rapport certain qui existait entre les uns et les autres autorise à appliquer aux premiers, du moins dans une certaine mesure, ce que nous savons des derniers.

Les vétérans, établis sur les bords du Rhin et du Danube, recevaient des concessions de terres, généralement abandonnées et incultes, qu’on appelait terræ limitaneæ, à cause de leur position voisine de la frontière. C’était, nous dit Godefroi[42], un ancien usage chez les Romains et qui remontait aux derniers temps de la République. Ces terres étaient des territoires ou annexés, c’est-à-dire pris sur l’ennemi, ou occupés par les soldats et dont ils revendiquaient la possession, ou enfin des champs libres et sans propriétaire, désignés sous le nom de terres vacantes, terræ vacantes, et dont le fisc pouvait disposer. Elles leur étaient accordées pour les mettre en culture ; ils en avaient la jouissance et pouvaient la transmettre à leurs enfants, mais seulement à leurs fils et non à leurs filles, à cause de l’obligation du service militaire qui y était attachée. Ils vivaient du produit de ces terres pour lesquelles l’État ne réclamait aucune redevance, parce qu’elles étaient franches de tout impôt et considérées comme une solde, stipendium, les vétérans ainsi colonisés ne cessant pas de faire partie de l’armée active et de consacrer leurs bras à la défense du sol de la patrie. Le gouvernement romain, pour leur faciliter la mise en exploitation, leur faisait l’avance d’une somme d’argent, d’une paire de bœufs et de semences diverses[43]. Ils avaient aussi le droit de faire le négoce afin d’augmenter leurs ressources et pouvaient acquérir de nouvelles terres qui, ne rentrant plus dans la catégorie des terræ limitaneæ, étaient soumises à l’impôt[44].

L’organisation régulière et permanente des colonies militaires de vétérans sur les frontières date certainement des premiers siècles de l’Empire. Elle prit un grand développement au IIIe siècle, au temps d’Alexandre Sévère et de Probus, lorsque les invasions devinrent chroniques et que les barrières naturelles ne suffirent plus à protéger les provinces limitrophes. Lampride, le biographe d’Alexandre Sévère, nous donne quelques détails intéressants sur la fondation de ces colonies, sur leur caractère essentiel et le but que se proposaient les empereurs en les établissant[45]. À cette époque, il y avait encore un territoire romain au-delà du Rhin, territoire plus ou moins étendu suivant la marche et les progrès des légions. C’était ce territoire conquis sur l’ennemi qui devenait la propriété des généraux et des soldats, mais à la condition de le défendre : aussi était-il inaliénable. On pensait que le meilleur moyen d’intéresser les soldats à la défense du territoire était de les en rendre propriétaires. On leur fournissait en outre du bétail et des esclaves pour la culture, de peur que le manque de bras ou le grand âge des colons ne fît abandonner ces champs voisins du pays des Barbares, ce qui eût été un malheur et une honte pour l’Empire. Plus tard, au IVe siècle, les colonies de vétérans ne furent plus établies sur les territoires conquis, mais dans les provinces elles-mêmes ; la frontière avait reculé jusqu’au Rhin ; le Rhin lui-même était souvent franchi par les hordes barbares qui portaient le fer et le feu jusqu’au cœur de la Gaule. Il fallut multiplier les colonies militaires ; on créa, on développa l’institution des Læti destinée à compléter et à renforcer celle des vétérans. Comment pourrait-on douter du rapport étroit et intime qui existait entre ces deux institutions, lorsqu’un rescrit d’Honorius et de Théodose le Jeune, relatif aux terræ limitaneæ, dit formellement que ces terres détenues par de simples particuliers doivent être remises aux Gentiles, ou, à défaut de Gentiles, à des vétérans[46]. Nous verrons dans le chapitre suivant que la condition des Gentiles était analogue à celle des Læti[47].

Les Læti, chargés de la défense des frontières, étaient assimilés aux troupes romaines294.jpg cantonnées sur les bords du Rhin ou du Danube, et désignés sous les noms de limitanei, castellani, ripenses[48]. C’était, nous l’avons vu, le dernier degré de la milice, (deterior militia). Ils étaient soumis à toutes les corvées imposées aux anciens légionnaires, comme la confection et l’entretien des routes, des ponts, des aqueducs, des camps, des retranchements, des digues élevées sur le parcours du fleuve pour protéger le territoire limitrophe contre les incursions de l’ennemi[49]. Telle avait été précédemment la condition des princes ou des chefs barbares tombés au pouvoir des Romains et incorporés dans la milice inférieure par une faveur que ne partageait point encore le reste de la nation[50]. Böcking n’hésite pas à croire, et en cela peut-être va-t-il trop loin, que les châtiments disciplinaires et les peines corporelles infligés aux recrues faites parmi les Dedititii n’étaient pas épargnés aux Læti[51]. Placés dans la Notitia sous le commandement supérieur du maître de la milice de l’infanterie, magister militum præsentalis a parte peditum, ils ne viennent, en effet, qu’au dernier rang dans l’énumération des différents corps dont se composait la milice de l’Empire[52]. Les Præposituræ dans lesquelles rentraient toutes les colonies militaires des Læti étaient des dignités d’un ordre inférieur, minoris laterculi, qui avaient d’abord relevé du questeur, puis passé dans les attributions du maître de la milice. Les Præposituræ ou Præfecturæ Lœtorum ne constituaient qu’une partie de la légion et ne se confondaient point avec elle, ainsi que l’ont cru certains auteurs ; elles s’en distinguaient comme la cohorte, comme le détachement et le corps auxiliaire. Le chiffre de mille ou quinze cents hommes attribué à l’effectif de chaque préfecture des Læti, d’après un texte de Constantin Porphyrogénète[53], doit être exagéré, car la légion elle-même, à partir de Constantin, ne contenait pas un plus grand nombre de soldats[54].

 

 

[37] Rambach, De Lœtis, p. 25. — Roth, Beneficialwesen, Erlangen, 1850. Die Lœti, Zweites Buch, p. 46-50.

[38] Vopiscus, Vit. Probus, c. XVI.

[39] Böcking, II, p. 1064. — Ulpien, V, 8. 24. — Digeste, De statu hom., I, 5. — Gaius, I, 78, 67.

[40] Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 12.

[41] Du Cange, Gloss. med. et inf. latinit. Læti.

[42] Godefroi, Cod. Théod., VII, De veteranis.

[43] Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 3. — Le follis, monnaie de cuivra pesait le tiers de l’once et représentait la douzième partie de la silique qui était elle-même la vingt-quatrième partie du solidus aureus ou sou d’or. Le sou d’or au IVe siècle valait environ 13 francs, ce qui porterait la valeur du follis à un peu moins de 5 centimes. — V. Becker et Marquardt, III, 2, p. 24. — Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 11. — Roth, Beneficialwesen, p. 50.

[44] Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 3. — Ibid., XI, tit. 1, loi 28.

[45] Lampride, Vit. Alex. Severus, c. LVIII. — Cf. Sybel, p. 43-44.

[46] Cod. Théod., VII, tit. 15, loi 1.

[47] V. le chapitre VI, De Gentilibus.

[48] Perreciot, t. I, liv. V, 2e part., p. 404.

[49] Perreciot, t. I, liv. V, 2e part., p. 404.

[50] Lampride, Vit. Alex. Severus, c. LVIII.

[51] Böcking, II, De Lœtis, p. 1068. — Eumène, Panég. de Constance, c. IX.

[52] Böcking, p. 119, 122.

[53] Constantin Porphyrogénète, In thematibus. Collection byzantine, Bonn.

[54] Naudet, t. II, 3e part., c. V, p. 157.


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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 17:12

Oubliées les tragédies grecques et les malheurs de leurs héros, à l’époque Gallo-romaine, les goûts ont changé.

 

Sous la République, avant le règne d’Auguste, les auteurs latins avaient bien tenté d’écrire des tragédies patriotiques inspirées par des épisodes de leur histoire nationale, mais progressivement, oubliant le sujet de la pièce, le public ne s’intéressait plus qu’aux mises en scène, de plus en plus spectaculaires, et aux épisodes sanglants.

Si les intellectuels ont continué à s’inspirer des œuvres grecques, le peuple, lui, voulait surtout s’amuser. Les comédies des grands auteurs comme Plaute et Térence, écrites aux IIIe et IIe siècles avant Jésus-Christ, ont connu un énorme succès.287.jpg

 

L’atellane

 Parallèlement aux pièces tragiques se développait un genre beaucoup plus populaire, sans doute emprunté aux étrusques : l’atellane. Cette farce, assez proche de la commedia dell’arte, mettait en scène quatre personnages qui portaient des masques de convention : Pappus, le vieillard, Doscenus, le bossu, Bucco, toujours affamé, et Maccus, le niais. Leurs péripéties comiques étaient largement inspirées de la vie quotidienne.


Le mime

 D’un autre genre, le mime a duré jusqu’à la fin de l’Antiquité.

Son succès a été tel qu’il a même fini par supplanter toute autre forme de théâtre. Contrairement à la comédie et à la tragédie où les rôles féminins étaient tenus par des hommes, les femmes apparaissaient aussi sur scène dans le mime. Les sujets étaient empruntés à des thèmes légendaires mais on n’y ajoutait des intrigues romanesques, des aventures amoureuses, on tournait les dieux en dérision en les plaçant dans des positions ridicules ou infamantes. On ne respectait rien. Le texte était assez rudimentaire, comptaient uniquement les gesticulations, la danse…  tout ce qui parlait au sens. De la demande du public, les actrices ont fini par paraître totalement déshabillées. Ces spectacles grossiers ont sombré dans la pornographie à la fin du Bas-Empire, jusqu’à leur interdiction par l’empereur Justinien en 502. Pourtant sa femme Theodora avait elle-même été actrice….288.JPG

 

La pantomime

 Genre très apprécié également, il s’agissait d’un spectacle sans parole qui a été introduite à Rome en 22 av. J.-C. elle ne mettait en scène avec un acteur qui jouait à lui seul tous les rôles, accompagné par des chanteurs et un petit orchestre. Les sujets étaient en général inspirés par la mythologie.

Il est probable que le nombre d’acteurs, tous styles de comédies confondues, était très important dans le monde romain étant donné la fréquence des spectacles. Nous manquons de données précises pour les colonies mais il y avait à Rome, en 27 av. J.-C., soixante-cinq jours de jeux publics par an, dont quarante-cinq  réservé au théâtre. À la fin du IIIème siècle de notre ère, en pleine décadence de l’empire romain, on comptait cent quatre-vingt-un jours de spectacles, dont plus de cent réservés aux représentations théâtrales.


Les jeux de scène, les masques

Les acteurs s’agitent sur la scène, vont et viennent, échangent leurs répliques, s’adressent parfois à la foule venue les applaudir. Puis ils disparaissent tour à tour dans les portes du mur de scène, pour revenir quelques instants plus tard, vêtus de nouveaux costumes, avec un autre masque ou une autre perruque. Conduits par le chef de chœur et le claquement de ses talons, des tambourins et des flûtes au son maigre rythment les allées et venues des comédiens, occupent les pauses entre les différents tableaux. De part et d’autre de la scène, dans les deux tours qui l’encadrent, les basilicae, des figurants attendent le moment de leur entrée, en laissant le passage aux machinistes qui transportent les décors. Contrairement aux auteurs grecs, les histrions romains étaient en générale des esclaves ou des affranchis. Certains devaient commencer leur carrière très jeune, si on en juge d’après de stèles gallo-romaines qui ont été retrouvées : l’une porte le nom de Septentrion, mort à 12 ans, l’autre celui de Hellas, pantomime décédée à l’âge de 14 ans. Après avoir reçu une formation, les acteurs rejoignaient une compagnie placée sous la dépendance d’un directeur, lui-même payé par le magistrat de la ville chargé des jeux publics. Parfois, les troupes appartenaient à des notables, comme un certain Eudoxus, à Arles, dont on a conservé le nom. Le directeur de la compagnie achetait les pièces aux auteurs et assurer l’organisation matérielle et artistique de la représentation. L’origine servile des acteurs Romains n’empêchait pas certains d’entre eux d’être des vedettes très recherchées, qu’on réclamait à travers tout l’Empire. On sait aussi que l’impératrice Domitia a succombé aux charmes d’un pantomime nommé Pâris, et que Messaline chercha à séduire un autre célèbre acteur, Mnester, qui avait été le mignon de l’empereur Caligula. S’ils avaient les faveurs du public, les comédiens pouvaient donc s’enrichir et occuper une place enviable dans la société.289.jpg

289b.jpgCes masques, hérités des Grecs et devenus chez les Romains de plus en plus caricaturaux, exprimaient fortement les émotions du personnage. Parfois pathétique, ou bien terrifiant,290.gif quelquefois biface, il symbolisait les comportements : les grandes oreilles indiquent la méchanceté, la pâleur désigne un débauché, tandis que l’amoureux avait les joues rouges… Certains de ces masques, fait en toile durcie, comportait une cavité qui déformait la voix, tandis que d’autres, réalisé dans une matière souple comme la peau, épousaient les volumes du visage de l’acteur. La démarche des acteurs n’était pas non plus naturelle. Ils étaient chaussés de socques qui élevaient leur taille lors des comédies. Pour les tragédies, il portait des cothurnes, chaussures à semelles si épaisses qu’elles en devenaient de véritables échasses.

 

 

Sources : Orange/Vaison-la-Romaine - Les Voyages d'Alix éd. Casterman _ La vie privée des anciens, René Ménard Gallica.bnf.fr

Cet article est dédié à mon amie Barbara

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 07:57

ESSAI SUR LA CONDITION DES BARBARES ÉTABLIS DANS L'EMPIRE ROMAIN AU IVè SIÈCLE

 

Chapitre IV - Les Læti.

 

À quelle classe de la population germanique ?

 

On s’est demandé dans quelle classe de la société germaine se recrutaient les Læti, si c’était dans la classe.inférieure ou dans celle des hommes libres, des hommes de guerre. Le rapprochement naturel des Læti et des Lidi, Liti, des lois barbares dont la situation n’était pas sans analogie avec celle des Læti employés au service de Rome, outre la ressemblance frappante des deux noms, a fait supposer que ces émigrés volontaires de la Germanie pourraient bien être d’anciens serviteurs désireux d’échapper à la domination de leurs maîtres, et qui auraient quitté leur patrie pour conquérir, sinon la liberté complète, du moins une indépendance relative[32]. Accueillis favorablement par les Romains, encouragés par des exemples antérieurs, ils se seraient mis au service des empereurs, et la situation particulière qui leur était faite expliquerait la création d’un terme nouveau pour les désigner, terme emprunté à leur langue et à l’état dans lequel ils étaient habitués à vivre. Il ne faut pas attacher trop d’importance aux mots et voir dans les Læti du IVe siècle les continuateurs des Lidi de l’ancienne Allemagne. Il est permis de croire au contraire que les Barbares qui venaient ainsi s’enrôler sous les drapeaux de Rome et changer leur existence nomade contre une vie sédentaire étaient originairement des hommes libres des tribus germaniques. N’étant attachés à aucun chef comme les compagnons, ils consentaient volontiers à suivre la fortune de l’Empire dont le prestige les attirait et qui pouvait payer généreusement leurs services en leur donnant des terres, objet de leur convoitise. Cette opinion du reste a pour elle le témoignage du savant jurisconsulte Pardessus[33] et plusieurs historiens attestent qu’un assez grand nombre des Læti étaient de la tribu Salique, la première entre les tribus des Francs.

À quelle époque de l’histoire apparaissent les Læti ? Quand ce nom fut-il adopté ? Le silence des auteurs anciens sur ce point rend la question difficile à résoudre. Le premier texte où soient mentionnés les Læti remonte à la fin du IIIe siècle ; nous le devons au rhéteur Eumène[34]. Le panégyriste de Constance exalte les victoires des empereurs et se réjouit des heureux résultats qu’elles ont eus pour la Gaule, sa patrie. Les champs déserts se repeuplent ; de vastes plaines demeurées depuis longtemps en friche se couvrent de moissons. Quels sont ces nouveaux habitants, ces nouveaux cultivateurs ? Les Læti rétablis dans leurs premiers cantonnements, lœtus postliminio restitutus ; les Francs admis à faire leur soumission, receptus in leges Francus. Ce texte, si important par sa date, mais malheureusement trop court, a été l’objet de nombreuses discussions qui portent principalement sur le sens qu’il faut donner ici au mot lœtus. Zumpt[35] le prend dans l’acception ordinaire de l’adjectif lœtus et le rapporte au substantif Francus qui suit : lœtus... Francus, ne voyant là qu’une seule et même adoption de Barbares, dans une situation voisine de celle du colonat. Sybel[36], au contraire, s’appuyant sur l’autorité de Pardessus, croit que le passage d’Eumène fait allusion à deux événements simultanés, mais bien distincts ; celui des Læti chassés par des hordes ennemies des terres que l’Empire leur avait concédées et où ils avaient été rétablis, et celui des Francs soumis à l’Empire, qui avaient reçu des terres à cultiver. Évidemment il s’agit de Barbares Læti opposés aux Francs vaincus et établis comme colons, c’est-à-dire dans un état de sujétion plus complète. L’expression postliminio restitutus annonce bien que ce n’était point une condition nouvelle créée par Dioclétien ou Maximien, mais qui existait déjà antérieurement. D’autre part, il est certain qu’elle a été postérieure à celle des colons ou des fédérés ; elle doit être contemporaine de l’époque où les Francs sont entrés en relations suivies avec l’Empire, c’est-à-dire de la seconde moitié du siècle. Avant cette époque nous ne voyons rien qui ressemble à ce que furent plus tard les Læti, et, s’il est reconnu que ces derniers ne descendaient point des anciens habitants des champs Décumates, il est du moins probable que l’abandon de l’ancienne limite transrhénane qui reporta au Rhin la frontière romaine du côté de la Germanie nécessita l’organisation d’une nouvelle population militaire destinée à servir de rempart à l’Empire dans les Gaules. Il est aussi à présumer que parmi les Germains appelés à jouer ce rôle les Francs furent choisis de préférence, ainsi que les Bataves, à cause de leurs qualités guerrières, ce qui expliquerait la mention spéciale de ces deux peuples dans l’énumération des différentes colonies de Læti répandues au IIè et au IIIè siècles sur le sol de notre patrie.

 

[32] Guérard, Polyp. d’Irm., t. I, p. 275.

[33] Pardessus, Loi salique, p. 475.

[34] Eumène, Panég. de Constance, c. XXI.

[35] Zumpt, p. 19-20.

[36] Sybel, p. 32-33. — Pardessus, Loi salique, p. 471.

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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 19:50

284.jpg                                         Huile sur toile réalisée vers 1900. Collection privée.

 

Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent le gui est rare sur les chênes. Aussi n’en est-il que plus précieux. Ce parasite aérien toujours vert est l’objet d’une vénération particulière chez les Celtes qui le considèrent comme un attribut ou même un avatar d’une divinité importante. On dit que les druides utilisent pour sa cueillette une serpe d’or. En réalité, cela est peu probable car l’or est un métal mou. Les serpes sont donc plutôt en bronze ou en fer recouvert d’or. L’or représente le soleil et la faucille le croissant lunaire. Le gui est recueilli dans un linge blanc, et le druide porte une robe blanche, couleur sacerdotal. Il est cueilli le sixième jour de lune, moment où la force du rayonnement lunaire est dans une phase ascendante. Ce même jour, les druides sacrifient deux taureaux blancs, très jeunes puisque « leurs cornes sont unies pour la première fois » (Pline). C’est alors la communion des êtres et des choses (animaux, végétaux, minéraux).


Le gui possède également pour les Celtes des vertus thérapeutiques. Ils pensent que, mélangé à une potion, le gui est un remède à la stérilité. Si l’on regarde la signification de ce mot dans les différents dialectes, on remarque qu’il signifie « qui guérit tout » en irlandais (uileiceadh) et Gallois (oll-iach). En breton-armoricain il signifie « haute branche » (uhelvarr) et signifiera par la suite « eau de chênes » au XVIIIe siècle (deur derhue), le chêne étant la représentation des divinités.

 

Présentation d'Henri Paul Motte ici.

 

Source : www.arbre-celtique.com

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 08:01

Repéré grâce à une photographie aérienne de 1989, le site du Quiou a été acquis par leP1030016.JPG conseil général des Côtes d'Armor au titre des espaces naturels sensibles, ce qui a permis d’en programmer la fouille.

La villa gallo-romaine du Quilliou est un ensemble bâti : thermes, habitat et entrepôts agricoles, se côtoient sur une surface d’un hectare et demi environ. Après la conquête romaine, en 51 avant notre ère, la romanisation s’implante et de grandes fermes s’installent sur le territoire gaulois.

Les fouilles mises au jour ont permis de dater la villa : la première occupation remonte à la période augustinienne (début du premier siècle de notre ère). Cette occupation constitue l’établissement rural de type « romain » le plus anciens actuellement connus en Armorique.

Associé à deux autres villae repérées à moins de 5 km (commune de Plouasne et de Tréfumel), cette occupation « atypique » particulièrement précoce et dense pourrait être due à l’exploitation du calcaire et la fabrication de la chaux indispensable à la construction des édifices romains. Les études montrent que le calcaire utilisé pour la construction de la cité de Corseul (capitale de cité des Coriosolites) et du sanctuaire du haut Bécherel provient du bassin du Quiou.

La villa du Quiou servait de résidence secondaire à une famille de notables. Ces propriétaires demeuraient en zone urbaine (probablement à Corseul) durant la majeure partie de l’année et percevait le produit de l’exploitation agricole alentour, assurée par des domestiques et des esclaves.P1030018.JPG

Le bâtiment principal est installé sous une plate-forme préalablement nivelée et terrassée. Il mesure 40 m de large x 56 m de long. Trois ailes encadrent cette cour de 600 m² divisés en deux. À l’est se trouve l’accès à la cour, et les deux galeries de façade permettaient d’accéder aux galeries des ailes nord et sud. La partie résidentielle, organisé autour d’une grande pièce d’apparat, se trouve à l’ouest au fond de la seconde cour.

Un talus d’environ 1 m de haut délimitait un glacis de 5 m de large contre le mur de l’aile sud. En contrebas du bâtiment principal, des fosses de plantation d’arbres orthonormées et axés sur les murs directeurs de la villa dessinent l’emplacement d’un verger sur au moins 75 m de long (nord/sud). Si la qualité de mobilier est encore faible pour dater les phases initiales de construction, c’est l’édifice thermal  ajouté dans le prolongement de l’aile nord qui permet d’avancer une date précoce soit le premier quart du Ier siècle de notre ère.

L’établissement thermal s’étend sur une superficie de 280 m² (15 m est/ouest x 18,5 m). Il est flanqué, peut-être dès l’origine, de deux galeries disposées de manière à allonger ses côtés sud et est. Constitué d’espaces d’accueil et d’agrément (vestibule, cours, vestiaire), de salles chauffées par un système d’hypocauste sur pilettes, il est doté d’une natatio de 24 m². Ces termes ont connu cinq remaniements principaux matérialisés par des modifications de plan (déplacement des bassins et des systèmes d’évacuation, ajout/abandon de salles) et des réfections (chaufferies et enduits, décors…). Après une phase de croissance architecturale inscrite dans le premier siècle de notre ère, l’on assiste à une lente diminution des surfaces bâties jusqu’à l’abandon des termes dans le courant de la seconde moitié du IIème siècle.P1030019.JPG

                                     Hypothèse de restitution de la villa


C’est au début du IIème siècle qu’un troisième bâtiment est ajouté contre l’aile sud du bâtiment principal. En partie restituée, il s’organise autour d’un espace central allongé (12,6 m x 4 m) bordée de deux couloirs-galeries (2,4 m de large) desservant chacun deux pièces (6x4 m chacune), dont une était chauffée par un hypocauste à pilettes. D’après sa morphologie, l’hypothèse d’une fonction mixte de magasin et de logement, mansio ou habitat du villicus, semble pouvoir être retenu.

La parcelle située au nord des thermes et du bâtiment thermal montre des constructions sur sablières et/ou poteaux, et un puits ; les évacuations (vers l’ouest) des eaux usées des deux bâtiments se présentent sous la forme de fossés successifs. Ces espaces techniques liés au fonctionnement des thermes et de la villa se trouvaient isolée.

La pars rustica de la villa, diagnostiquée lors de la campagne 2009 à la suite d’observations pédestre, s’étend sur près de 5 ha dans les parcelles situées à l’ouest et ce jusqu’au bourg actuel du Quiou, sous la forme de fosses, de trous de poteaux, de fours, de fossés et de radiers de sol.

Au IIIème siècle, l’aile nord du bâtiment principal comporte des aménagements liés auP1030034 chauffage. Un probable chemin bordé de deux fossés s’installe au sud du bâtiment III et l’ancien bâtiment thermal subit à cette période au moins un réaménagement à l’aide de structure porteuse boisée au niveau des anciennes pièces chauffées. Les niveaux de circulation de cette période ont été totalement arasés par les labours, ce qui rend l’appréciation de l’activité humaine difficilement estimable.

Pendant l’Antiquité tardive (IV-Vème siècle), de nombreuses fosses et des fosses-foyers sont implantées dans les cours intérieurs et extérieurs. Les foyers semblent disposés de préférence à l’emplacement des anciennes galeries de la villa (zone 2 et 3). Les fosses se présentent sous des formes diverses : fosses d’extraction « polylobées » et fosses-silos parfois de grande capacité. Après leur utilisation, elles sont remblayées à l’aide d’un sédiment généralement très charbonneux provenant de la vidange de foyers. Le respect des espaces couverts du bâtiment principal de la villa, permet de penser qu’ils sont encore occupés à cette époque.

Des fosses et un four contenant du mobilier carolingien et du bas Moyen Âge se situe dans l’axe d’entrée du bâtiment I et contre le bâtiment II (four).

 

Source : L'Archéologue N° 106

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 10:05

ESSAI SUR LA CONDITION DES BARBARES ÉTABLIS DANS L'EMPIRE ROMAIN AU IVè SIÈCLE


Chapitre IV - Les Læti.

 

À quelle nationalité appartenaient les Læti ?

 

L’origine des Læti est plus facile à déterminer que le véritable sens du mot par lequel ils sont désignés. Zosime que nous avons déjà cité en fait un peuple de la Gaule, έθνος Γαλατικόν[15]. On ne peut s’arrêter à cette hypothèse contredite par des textes formels. Les Læti n’étaient ni des Romains, ni des Gaulois, mais des Barbares, c’est-à-dire des étrangers, peregrini, admis dans l’Empire. Ammien Marcellin nous le dit expressément dans plusieurs passages ; tantôt ce sont les Loti, Barbares habiles à la rapine, qui se glissent secrètement entre le camp romain et celui des Allamans pour fondre sur Lyon à l’improviste et brûler cette grande cité[16] ; tantôt c’est Julien qui, proclamé Auguste par son armée, écrit de Paris à l’empereur Constance et promet de lui envoyer un corps de Læti, descendants des Barbares établis sur la rive gauche du Rhin[17]. Zosime, lui-même, par une sorte de contradiction, peut-être plus apparente que réelle, nous parlant de l’usurpateur Magnence, qui appartenait à là colonie des Lei, a soin de nous apprendre que, Gaulois de naissance, provincialis, il était d’origine barbare[18]. Les historiens qui se sont appuyés sur le texte de Zosime pour soutenir que les Læti étaient des Gaulois, l’ont mal interprété. Sans doute les cantonnements qui leur sont assignés dans la Notitia Dignitatum se trouvent exclusivement dans les Gaules et nous voyons associés à leurs noms des noms de peuples gaulois, tels que les Lingonenses (habitants de Langres), les Edui (Éduens), les Nervii (Nerviens), les Nemetacenses (habitants d’Arras), les Contraginenses (habitants de Noyon)[19], mais tous ces noms marquent les lieux où ils avaient résidé dans286.gif leur nouvelle patrie adoptive et n’ont rien de commun avec leur origine primitive : on les distinguait ainsi les uns des autres par les villes sur le territoire desquelles ils tenaient garnison et par les provinces qui leur avaient été assignées. On en trouve dans les Lyonnaises, dans les deux Belgiques, dans la première Aquitaine et dans la deuxième Germanie[20]. La grande majorité était dans la deuxième Belgique, c’est-à-dire dans une des provinces de la Gaule les plus rapprochées du Rhin. Sybel[21] et les auteurs qui ont adopté l’étymologie celtique[22] pensent que, si les premiers Læti ont été des Barbares, plus tard cette condition spéciale a dû être commune aux Gaulois et aux Romains réduits à une sorte de colonat, comme les Romains du Ve siècle dont nous parle Salvien[23]. Cette hypothèse toute gratuite ne repose sur aucun fondement historique ; elle a été réfutée par Böcking[24]. On a également prétendu que les Læti pourraient bien être des descendants de ces colons gallo-romains établis dans les champs Décumates, mêlés à une population germanique antérieure et qui, dès le III siècle, refoulés par les invasions, durent se replier sur la Gaule où ils obtinrent de nouveaux cantonnements voisins de la frontière du Rhin. L’autorité de Gaupp[25], si considérable qu’elle soit, ne suffit pas à justifier cette opinion qui n’est point confirmée par les textes.

Après avoir démontré que les Lei étaient des Barbares, il reste à déterminer si c’était un peuple à part ou s’ils appartenaient à différentes nations admises sur le territoire romain dans des conditions identiques. Perreciot, auteur d’un ouvrage très curieux et important sur l’état des personnes et la condition des terres dans l’ancienne France, avant la Révolution[26], établit qu’on doit voir dans les Læti un ramas de diverses nationalités qui a subsisté trois siècles en corps de peuple ; chassés du sol qu’ils habitaient par des hordes puissantes et guerrières, ils s’étaient répandus en Europe, avaient reçu des empereurs romains des terres en friche dans la Germanie et dans la Gaule, pour les cultiver et fournir des troupes auxiliaires à l’Empire, et s’étaient perpétués après la conquête des Francs, pour exercer plus tard une influence décisive sur la constitution politique de nos gouvernements modernes, en produisant le système féodal. Les Læti, selon Perreciot, étaient donc une tribu, une nation à part, distincte des autres corps germaniques par le nom qui lui était propre, et destinée à servir de rempart à la Gaule contre les invasions des autres Barbares de la Germanie. Il n’a pas été le seul du reste à professer cette opinion. Du Cange[27] présente les Lei comme des peuples du Nord qui s’étaient joints aux Francs et à d’autres nations barbares pour envahir les Gaules et la Germanie et qui, arrivés sur la frontière du Rhin, s’y seraient établis avec la permission des empereurs en s’engageant à la culture du sol et à l’obligation du service militaire. Il les distingue essentiellement soit des Francs, soit des Germains, et explique les différents noms qui leur sont donnés dans la Notitia, par les lieux de résidence qui leur avaient été assignés dans les Gaules[28]. Godefroi combat déjà victorieusement cette assertion dans son commentaire du Code Théodosien[29]. Quel était, en effet, ce peuple ou ces peuples du Nord dont il n’est jamais fait mention dans l’histoire de la Germanie et qui apparaît sous le nom de Læti alors seulement qu’il entre en rapports avec les Romains ? Ne doit-il pas plutôt se confondre avec les Francs et les autres tribus d’origine germanique qui ont lutté avec l’Empire et fini par s’établir dans son sein, soit comme colons, soit comme auxiliaires (ex multis gentibus sequentibus Romanam felicitatem) ? La dénomination de Letavia, pagus Leticus, donnée à certains lieux de l’ancienne Gaule, n’implique point, comme on a voulu le soutenir, l’existence d’un peuple spécial désigné sous le nom de Læti[30] ; ce n’est que la perpétuité d’une tradition relative aux Læti de l’Empire, que le souvenir d’une de leurs colonies ou préfectures[31]. Comment pourrions-nous trouver dans la Notitia les différents noms des Bataves et des Francs mentionnés à propos des Læti, si tous les Barbares reçus dans cette condition avaient appartenu à un peuple unique ? On s’explique très bien au contraire ces diverses dénominations, du moment où le terme générique de Læti désignait un mode particulier d’admission pour des tribus de même race. Les Bataves et les Francs formaient deux nations distinctes, mais qui toutes deux avaient une origine commune et appartenaient à la grande famille des Germains. Les Læti étaient donc des Germains, plus rapprochés de la frontière du Rhin que les autres peuples barbares, qui, par conséquent, avaient avec les Romains des rapports plus fréquents et qui obtinrent dans les Gaules des établissements d’une nature spéciale.

 

[15] Zosime, lib. II, c. LIV.

[16] Ammien, lib. XVI, c. XI.

[17] Ammien, lib. XX, c. VIII.

[18] Zosime, lib. II, c. LIV.

[19] Not. Dignit., Böcking, II, p. 119-122.

[20] TABLEAU DES PRÉFECTURES DES LÆTI

D’après la Notitia. — Édit. Böcking, Not. imp. Occid., p. 119-120

Præfecti Lœtorum, in Galliis :

1. Præfectus Lœtorum Teutonicianorum Carnunta Senoniæ Lugdunensis,

2. Præfectus Lœtorum Batavorum... Baiocas et Constantiæ Lugdunensis Secundæ,

3. Præfectus Lœtorum... Cenomannos Lugdunensis Tertiæ.

4. Præfectus Lœtorum Francorum Redonas Lugdunensis Tertiæ,

5. Præfectus Lœtorum Lingonensium per diversa dispersorum Belgicæ Primæ,          

6. Præfectus Lœtorum Actorum Epuso Belgicæ Primæ,

7. Præfectus Lœtorum Nerviorum Fano Martis Belgicæ Secundæ,

8. Præfectus Lœtorum Batavorum Nematacensium Atrabatis Belgicæ Secundæ,

9. Præfectus Lœtorum Batavorum Contraginnensium Noviomago Belgicæ Secundæ,

10. Præfectus Lœtorum... Remos et Silvanectas Belgicæ Secundæ,

11. Præfectus Lœtorum Lagensium prope Tungros Germaniæ Secundæ,

12. Præfectus Lœtorum... Arvernos Aquitanicæ Primæ.

[21] Sybel, Die deutschen Unterthanen, p. 40.

[22] Raepsaet, Anal. hist. et critiq. des Belges, Gand, 1824, t. I, p. 75.

[23] Salvien, De gubernat. Dei, lib. V.

[24] Böcking, II, p. 1062-1064.

[25] Gaupp, op. laud., p. 556. — Mone, Urgesch. des badisch. Land. (Die Läten), t. II, p. 248, note 132.

[26] Perreciot, De l’état civil des personnes et de la condition des terres dans les Gaules, depuis les temps celtiques jusqu’à la rédaction des coutumes, 1786, 2 vol. in-4°, t. I, liv. IV, p. 322 et suiv. — Pardessus, Loi salique, p. 471 et suiv.

[27] Du Cange, Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, Leti seu Læti.

[28] Du Cange, Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, Leti seu Læti.

[29] Godefroi, Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 10.

[30] Raepsaet, Œuvres, t. III.

[31] Böcking, De Lœtis, II, p. 1030.

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 19:21

Un personnel varié vivait de la navigation fluviale. Débardeurs, conducteurs de trains de bois flotté et haleurs appartenaient aux catégories les plus humbles. Les derniers surtout, qui s'attelaient aux cordages des bateaux et suaient sang et eau sur les mauvais sentiers doublant les voies d'eau. Il est à noter d'ailleurs qu'à l'époque gallo-romaine, seul les hommes tiraient les embarcations, du moins aucun document figuré représentant des animaux effectuant ce travail ne nous est-il encore parvenu.283.jpg

La fonction exacte des utriclaires (utriclarii) demeure imprécise. Il devait fabriquer des outres utilisées non seulement pour transporter du vin et de l'huile mais aussi pour soutenir les radeaux. Si les utriclaires sont mentionnés dans les grands ports de Lyon, Arles et Narbonne, on les rencontre aussi à proximité de cours d'eau modestes où ils assuraient vraisemblablement un service purement local. À Cimiez, un patron de corporation d'utriclaires offre et dédie une statue de Mercure, affirmant ainsi son appartenance à la classe des notables.

Entrepreneurs de transports par radeaux et par bateaux à fond plat (rates), bateliers chargés de la conduite des embarcations et passeurs pour bacs, ressortissaient de la catégorie des ratiarii.

Les nautes, c'est à dire les bateliers, armateurs et entrepreneurs de navigation fluviale, jouaient un rôle prépondérant dans les relations commerciales en Gaule. Quand on sait que sous l'empereur Dioclétien (284-305), le transport par voie d'eau coûtait, selon la nature de la cargaison, cinq à dix fois moins cher que l'acheminement par la route, on mesure mieux toute la puissance de ces bateliers. Souvent investis de la charge de sévir augustal, les nautes s'enrichissent par le négoce. À Paris, sous le règne de Tibère (14-37), ils offrent un pilier «aux frais de la communauté».

Les inscriptions les mentionnant, particulièrement nombreuses à Lyon, attestent que la ville était bien le port fluvial majeur de toute la Gaule. À l'exception de Paris, les nautes s'affirment bateliers d'un fleuve ou d'une rivière bien précis. Ainsi sont connus les nautes de la Durance à Arles, les nautes de l'Ardèche - qui ont des places réservées à l'Amphitéâtre de Nîmes - les nautes de la Loire, de la Moselle, de l'Aar à Avenches, du Rhône et de la Saône à Lyon.

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