Un remarquable ensemble de trois panneaux provenant d'un pavement de domus de Vienne (Isère) et datant de 175 à 225 ap. J.C., en tessel de marbre et calcaire, a été acquis par le musée du Louvre, lors d'une vente publique le 5 décembre dernier.
Capitale du peuple allobroge au IIè siècle avant Jésus-Christ, promue en 50 avant J.C. colonie latine par Jules César (colonia lulia Augusta Florentia Vienna), Vienne constitue la limite septentrionale de la province de Narbonnaise fortement romanisée. Avec ses faubourgs, Sainte-Colombe et Saint-Romain-en-Gal, elle a livré un très vaste ensemble de mosaïques (142 pavements ou fragments de pavement recensé à ce jour), qui témoignent de l'intense activité des ateliers locaux, sans équivalent dans une autre ville de Gaule.
Le premier panneau illustre la chasse de Méléagre contre le sanglier de Calydon, un thème classique de la peinture murale à l'époque romaine, souvent repris en mosaïque sous forme d'emblema (décor central d'un pavement) ou intégré à des scène de chasse plus vastes.
Le deuxième montre un couple de canards au centre d'un médaillon décoré d'une épaisse couronne de feuilles de lierre chargée de fruits.
Le troisième reprend la même organisation du décor : un buste masculin, peut-être un philosophe ou un poète portant une couronne de lierre et un manteau, s'inscrit dans un large médaillon orné de feuilles de chêne.
Ces trois panneaux portent donc des sujets sans relation les uns avec les autres, qui à l'exception des canards ne sont pas courants à Vienne. Ils appartenaient à un pavement constitué d'un quadrillage de cases carrées à décors multiple, type de composition bien attesté dans la production de mosïques viennoises.
Exhumés en 1881 lors de travaux de fondations d'un immeuble au 5, rue Peyron à Vienne, déposés vraisemblablement durant les fouilles, ils ont tous trois été montés sur des supports de ciments carrés, ceints d'une encadrement métallique. Publié dès 1890, ils ont été classés Monuments historique par un arrêté du 2 mars 1937. En 1981, ils sont intégrés dans le Recueil général des mosaïques de la Gaule. III. Province de Narbonnaise. 2 Vienne par Janine Lancha. Ils resteront dans l'immeuble où ils ont été découverts jusqu'à leur mise en vente publique en 2010.