La collection de peintures murales gallo-romaines du musée archéologique de Strasbourg a fait l’objet, pendant trois ans, d’une grande campagne d’étude, d’analyse et de restauration. Ce qui a permis de reprendre la totalité des restaurations anciennes (datant des débuts du XXe siècle) et de (re)traiter de nombreux panneaux peints à l’aune des normes actuelles.
L’exposition se propose donc de mettre en valeur cette « relecture » de la collection. Les responsables expliquent :
— L’accent est mis aussi sur l’iconographie spécifique des fresques strasbourgeoises dans une province frontière de l’Empire et sur les relations qu’elles entretiennent avec les thèmes de la propagande impériale romaine à travers la mise en scène des mythes fondateurs de Rome. La présentation traite également des matériaux et des pigments employés et aborde, de façon pédagogique, les techniques des fresquistes antiques, tout en fournissant l’occasion de mettre en perspective la vaste collection strasbourgeoise par rapport aux autres sites alsaciens qui ont livré, lors de fouilles anciennes ou récentes, des enduits peints d’époque romaine.
La plupart de ces fresques ont été mises au jour à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, à la suite de grands travaux urbains ou de la pose de canalisations dans le centre-ville. Notamment autour de l’église Saint-Thomas et de la place Kléber où il y avait de nombreuses habitations aux abords du camp romain d’Argentorate.
Ainsi, un important bâtiment romain, exploré sous la cathédrale dans les années 1970, a livré des fragments d’un plafond peint d’un bâtiment proche du camp.
Les campagnes de restaurations ont porté sur :
— un constat d’état et un inventaire photographique de l’ensemble de la collection
— un désépaississement de la face arrière de la plupart des fragments
— un assemblage des fragments peints
— une consolidation desdits fragments à l’aide d’un mortier synthétique de finition.
Cela effectué, les fragments ont été montés sur un support léger constitué d’une plage en « nid d’abeilles » insérée entre deux couches de laine de verre imprégnée de résine synthétique.
Selon les organisateurs de l’exposition, « la perception que l’Antiquité avait des couleurs était assez différente de la nôtre à une époque où les recherches sur la décomposition de la lumière et le spectre des couleurs n’avaient pas encore façonné la vision que l’on en a aujourd’hui » :
— La prise en compte de la valeur symbolique attachée aux couleurs était également très importante dans la perception qu’en avait le monde antique.
Le rouge est synonyme de pouvoir, le cinabre et le bleu égyptien de richesse, etc. À quoi s’ajoute un art au service de la propagande impériale.