Généralités
Il existait en Gaule deux types principaux de véhicules tractés. Le plus léger dispose de deux roues et ne pose pas de problème de manœuvres particulier. Il peut être tracté par l’intermédiaire d’un timon central ; mais compte tenu de la charge limitée, les charrons romains préféraient la confection de brancards que l’on attelait à un animal de trait unique. (fig.1)
Le second type de véhicule tracté compte quatre roues disposées deux à deux sur l’avant-train et le train arrière (fig.2). En règle générale, la traction est alors assurée par un timon central sur l’avant-train. Voitures de voyage ou charriots de charge pouvait atteindre les 500 kg à vide ; aussi deux animaux tracteurs n’étaient pas superflus. Toutefois, quelques cas de voitures à quatre roues et brancards sont observés. Cela est d’autant plus envisageable par le fait que l’on remarque sur de nombreux bas-relief funéraires l’existence d’un animal d’appoint (nommé funalis), attaché par un trait à l’avant du véhicule, qui peut ponctuellement apporter son aide lors de passages difficiles (montées, chaussées déformées…).
Beaucoup de questions techniques restent en suspens concernant ces véhicules ; les découvertes archéologiques sont bien trop souvent lacunaires. Pensons en particulier au problème de la manœuvre des véhicules à quatre roues. Comment pouvaient-ils emprunter des rues à angle droit, comme on en trouvait dans de nombreuses villes ? Selon certains auteurs l’avant train était mobile : c’est-à-dire qu’il pouvait pivoter sur un axe et amorcer une légère courbe, tant que la jante de la roue ne venait pas buter sur l’angle inférieur de la caisse. Par ailleurs, il était fréquent que l’on fasse riper les roues antérieures afin de faire prendre une autre direction au chariot. Pour cette procédure, un cheval d’appoint pouvait également être sollicité.
Parallèlement, les connaissances sont assez faibles concernant la structure en bois et les essences utilisées. Les données archéologiques pour l’époque romaines étant minimes, il faut faire appel aux sources littéraires. L’essence la plus communément utilisées demeure le chêne ; pour les structures de la voiture en particulier. Le frêne, lisse et flexible, convient mieux pour les pièces à courber (timon, brancards…). Enfin, l’orme, de fente difficile, était souvent préféré pour certaines pièces sensibles comme les moyeux.
Les différents types de véhicules
• Le char romain (currus)
Cette expression évoque d’emblée le char de guerre ou le char de course (fig.3) mais la réalité est plus complexe. Les Romains utilisent un terme général, currus, pour caractériser l’ensemble des véhicules. Le mot était souvent associé à un adjectif qui précisait le type d’utilisation et les usages spécifiques qui étaient associés (décorations, attelage particulier). Par exemple, le currus triomphalis était réservé au général victorieux revenant d’une campagne militaire et auquel on décernait les honneurs du triomphe. A partir du règne de Tibère cette reconnaissance suprême sera réservée uniquement aux empereurs ; le char richement décoré était attelé à quatre chevaux blancs.
• Les voitures de cérémonies
Quelques véhicules antiques avaient une vocation particulière :
_ la tensa était une sorte de « temple sur roues », dont la fonction était sacrée et sur laquelle on promenait les images des dieux dans les ludi circenses (fig.4)
_ le pilentum, véhicule à quatre roues, était réservé à l’origine aux transports des prêtres et des objets du culte lors de fêtes religieuses. Mais dès la fin du IVe siècle avant J.C., il a pu servir aux matrones romaines (fig. 5)
_ le carpentum était une voiture à deux roues surmontée d’un baldaquin. De la même façon, son usage était liturgique à l’origine. Par décret du sénat, les matrones romaines pourront également utiliser le carpentum pour leur déplacement « même les jours ordinaires ». Ce véhicule convenait particulièrement aux processions funèbres, comme l’atteste le revers du sesterce de Caligula dédié à sa mère Agripine. (fig. 6)
• Les voitures d’apparat et de voyage
Les voitures à deux roues :
_ le cisium était un véhicule rapide et léger pouvant compter deux places. Le plateau était prolongé par un timon, ou bien, par deux brancards. La caisse pouvait disposer d’un dossier et d’accoudoirs. On le dénomme souvent « cabriolet » ; son châssis pouvait être élevé (fig. 7 et 8)
_ l’essedum est très voisin du précédent ; on utilise fréquemment l’un et l’autre terme pour caractériser un même véhicule à deux roues. Ce nom était cependant d’origine gauloise : chez César il désigne le char de guerre des Bretons. Par conséquent, le fond indigène a tendance à privilégier cette appellation. Malgré tout, l’essedum est adopté par les romains ; Suétone dénomme ainsi la voiture de l’empereur et de ses proches, et cite un exemplaire entièrement décoré d’argent. (fig. 7 et 8)
Les voitures à quatre roues :
_ la carruca est la voiture du luxe par excellence. Véhicule à deux essieux, lourd et spacieux, il pouvait être richement décoré (or, argent, ivoire, bronze…). Il a longtemps été réservé à l’empereur et à sa famille : Suétone nous du train de mille carrucae de l’empereur Néron. Les exemples figurés sont rares. (fig. 9)
_ la raeda (ou rheda) était un véhicule semblable au précédent, mais en moins luxueux, plus lourd et plus spacieux. Il était « affecté aux transports publics ou voiture de louage » et « servait aussi aux déplacements familiaux ou utilitaires des particuliers ». (fig. 10)
• Les véhicules de charge
Pour cette catégorie, les appellations sont très nombreuses. Ce type de véhicule était le plus utilisé en Gaule. En fonction des régions (langues et nature des terrains) et du faire-savoir des charrons locaux, les réalisations et leurs noms pouvaient être très diversifiés.
Un terme général désignait le chariot, carrus. On utilisait aussi sarracum et angaria ; mais surtout plaustrum. Les anciens distinguaient le char de transport à deux roues, appelé plaustrum minus, de celui à quatre roues le plaustrum majus. (fig. 11 et 12)
Dessins de F. Demonsais
Source : Le char romain du musée archéologique de Saintes. Édité par les musées de la ville de Saintes avec le concours de la Direction des Affaires Culturelles de Poitou-Charentes
To 13/02/2018 09:43
Lutece 23/02/2018 06:05