La fertilité de la Gaule a été vantée à maintes reprises par les auteurs anciens. Strabon notamment qui, dans sa Géographie, après avoir souligné la similitude entre la Narbonnaise et l’Italie, poursuit : « Tout le reste du pays produit le blé en abondance, du millet, des glands (…). Rien n’est inculte si ce n’est dans les secteurs marécageux ou boisés. »
Florissante au temps de l’indépendance (jamais les légions romaines ne manquèrent de blé pendant les huit années de la guerre des Gaules !) l’agriculture connue une nouvelle expansion après la conquête où de nombreuses villae voient le jour.
La villa est un élément fondamental du paysage des campagnes romaines. C’est une grande exploitation rurale constituée de bâtiments résidentiels et agricoles au coeur d’un domaine cultivé, qui appartient en général à de riches propriétaires fonciers. La villa réunit donc les fonctions résidentielles et économiques. Ces deux aspects sont nettement différenciés dans son architecture par deux ensembles séparés : la partie résidentielle appelée pars urbana et la partie agricole ou pars rustica . On la qualifierait aujourd'hui de “grande ferme".
Quelques villae apparaissent en Gaule dès le Ier siècle avant J.-C., immédiatement après la conquête romaine : c’est le cas de la villa de Richebourg, dont le propriétaire a des relations privilégiées avec Rome. Mais ce modèle méditerranéen s'impose véritablement dans nos régions à partir du Ier siècle de notre ère. Le réseau des villae est assez dense au nord de la Gaule et sur le territoire des Yvelines actuelles (on recense en moyenne un site rural antique tous les 2 à 4 kilomètres) : ce phénomène témoigne de l'adoption par les grands propriétaires locaux de modes de vie romains, mais aussi d'une emprise agricole intense sur le territoire.
Le domaine agricole
Le domaine agricole cultivé est de taille variable. Il peut s’étendre sur une superficie de 10 à 500 jugères soit de 2,5 à 500 ha. Il est le plus souvent exploité sous les ordres d'un intendant, le villicus, et cultivé par des esclaves ou des ouvriers. Une population nombreuse (parfois plusieurs centaines de personnes) y vit en permanence pour cultiver la terre.
Les céréales
Le blé constituait l’élément essentiel de l’agriculture antique. Pline souligne, entre autres, l’importance du blé amidonnier (triticum dicoccum) dont il mentionne des variétés locales qu’il désigne sous le nom de bracis ou de scandala. Le blé commun (triticum vulgare), qu’il appelle sigilo, convient surtout, selon lui, aux régions humides. Quant au blé ordinaire, mentionné sous la forme triticum, il est cultivé dans les régions les plus septentrionales. D’autres céréales sont citées par les auteurs latins. Le millet pour la moisson duquel Pline signale l’utilisation d’une sorte de peigne égreneur ; l’orge dont on tirait la bière (kourmi) ; le panic ou le millet des oiseaux, surtout cultivé en Aquitaine ; le seigle, l’avoine et le sésame.
A ces données textuelles s’ajoutent les informations fournies par les études de graines et de pollens effectuées sur des prélèvements archéologiques. Les informations permettant d’approfondir le sujet faisant défaut, les connaissances sont limitées. Toutefois, grâce à des découvertes effectuées en milieux ruraux, on sait que des grains de blé étaient cuits dans les villas de Sauvian (Hérault), et de Montréal (Gers). Du blé poulard a été identifié à la villa de Bouche Rolland dans l’Aveyron et du blé ordinaire dans une couche du IIIe siècle à la bourgade de Liberchies en Belgique. Une ferme de l’Aveyron, aux Infruts, a fournis des grains de seigle et d’orge d’hiver. Sur l’oppidum de Joeuvre, à Saint-Maurice-sur-Loire, la fouille d’un établissement agricole a livré des céréales datant du IVe siècle.
L’orge a été également identifiée à plusieurs reprises comme à Crain dans l’Yonne et on signale même une amphorette découverte dans le port antique de Marseille qui portait en lettre peinte.
La vigne
La vigne est introduite en Gaule avec la conquête romaine, d'abord dans le sud, puis jusqu'aux rives de la Moselle. Dès le Ier siècle après J.-C., le vin gaulois concurrence le vin italien, et l’on en trouve dans les caves des notables de Rome. Des installations liées à la fabrication du vin ont été mises en évidence dans de nombreuses villae : tout d’abord, les grappes sont foulées au pied dans une cuve afin de réduire leur volume. Ensuite, on les met dans un pressoir pour les comprimer grâce à un système de levier. Le jus qui en sort est recueilli dans des jarres que l’on vide dans des dolia rangées dans un cellier.
La viticulture en Gaule connaît un rapide essor, à tel point qu'à la fin du premier siècle de notre ère, les vins de la Gaule méridionale envahissent le marché italien ! Aussi afin de mettre un terme à la surproduction de vin, l'empereur Domitien (81-96) ordonna-t-il l'interdiction de toute plantation nouvelle en Italie et la destruction de la moitié des vignes dans les provinces. Cette mesure fut bien peu suivie d'effet et le vignoble gaulois s'étendit progressivement vers le nord. C'est ainsi qu'il gagna la Bourgogne puis le pays trévire (Luxembourg, Allemagne) au cours du IIIè siècle. Finalement, entérinant sagement un état de fait, l'empereur Probus (276-282) rendit libre la viticulture.
L'olivier
Limité au sud pour des raisons climatiques, la culture de l'olivier, si l'on en croit Pline, ne réclamait aucun soin particulier. Même si l'affirmation paraît exagérée (labour, fumage et taille constituaient un minimum chaque année) cette culture ne devenait en tous cas rentable qu'à l'issue d'une dizaine d'années, laps de temps nécessaire pour qu'un olivier planté fournisse ses premiers fruits. Les olives sont consommées partout, sous forme d'huile, pour la cuisine, pour l'éclairage, mais aussi comme lotion corporelle.
De très nombreuses huileries ont été reconnues dans le Midi, notamment dans le département du Var où plus d'une centaine d'installations sont recensées. Ces huileries produisaient trois qualités : huile de première pression - huile vierge, la plus recherchée - et deux autres de moindre qualité obtenues par deux pressions successives. Au début du IVè siècle, l'Édit du Maximum différencie d'ailleurs nettement ces trois qualités avec des prix atteignant respectivement 40, 24 et 12 deniers le setier.
Les olives étaient également commercialisées en amphores, conservées dans du vin cuit.
La plantation d'arbres fruitiers se développe de manière importante. Dans le potager, on trouve également des légumes, ainsi que les plantes aromatiques qui servent tous les jours dans la cuisine.
Sources : Gérard Coulon - Les Gallo-Romains, éd. A. Colin _ Dossier pédagogique - Service archéologique départemental des Yvelynes. http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/archives/civilisation/richebourg.pdf