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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 19:48

Diodore de Sicile est un historien et chroniqueur grec du Ier siècle avant Jésus Christ, né à Agyrium en Sicile au début de ce siècle. Il a vécut du temps de Jules César et d'Auguste, et est l'auteur de la Bibliothèque historique.

La Bibliothèque historique a été rédigée en grec, elle se compose à l'origine de 40 livres dont il n'en reste aujourd'hui que 15. Cette histoire universelle, c'est-à-dire qui s'attache à une histoire de l’humanité dans toutes les aires géographiques connues, couvre une vaste période, du commencement mythologique du monde à Jules César. Elle puise ses sources dans une multitude d'auteurs antiques que Diodore a compilés. Les écrits de Diodore de Sicile ne sont pas toujours le témoignage de ce qu’il a vu, mais parfois de ce qu’il a lu. De plus, à l’instar des journalistes de la grande presse française d'aujourd'hui, peut être a-t-il parfois écrit l’Histoire de façon à ce qu’elle plaise au pouvoir (Jules César), ce qui expliquerait certaines affirmations étonnantes !

 

Bibliothèque historique, Livre V :

 

(…)

XXVIII. Les Gaulois sont grands de taille ; ils ont la chair molle et la peau blanche : leurs cheveux sont naturellement blonds, et ils cherchent par des moyens artificiels à rehausser cette couleur : ils les lavent fréquemment avec une lessive de chaux, ils les retirent du front vers le sommet de la tête et la nuque, de sorte qu'ils ont l'aspect de Satyres et de Pans. Grâce à ces moyens, leurs cheveux s'épaississent tellement qu'ils ressemblent aux crins des chevaux. Quelques-uns se rasent la barbe et d'autres la laissent croître modérément, mais les nobles se rasent les joues, et laissent pousser les moustaches, de manière qu'elles leur couvrent la bouche. Aussi leur arrive-t-il que, lorsqu'ils mangent, les aliments s'y embarrassent, et, lorsqu'ils boivent, la boisson y passe comme à travers un filtre. Ils prennent leurs repas non pas assis sur des sièges, mais accroupis sur des peaux de loups ou de chiens, et ils sont servis par de très jeunes enfants de l'un et de l'autre sexe. A côté d'eux sont des foyers flamboyants, avec des chaudières et des broches garnies de quartiers entiers de viande. On honore les braves en leur offrant les meilleurs morceaux de viande. C'est ainsi que le poète nous montre Ajax honoré par ses compagnons, après qu'il eut seul combattu et vaincu Hector : «Le roi fait honneur à Ajax du dos entier de la victime». Les Gaulois invitent aussi les étrangers à leurs festins ; et, après le repas, ils leur demandent ce qu'ils sont et ce qu'ils viennent faire. Souvent, pendant le repas, leurs discours font naître des querelles, et, méprisant la vie, ils se provoquent à des combats singuliers. Car ils ont fait prévaloir chez eux l'opinion de Pythagore, d'après laquelle les âmes des hommes sont immortelles, et chacune d'elles, s'introduisant dans un autre corps, revit pendant un nombre déterminé d'années. C'est pourquoi, pendant les funérailles, ils jettent dans le bûcher des lettres adressées à leurs parents décédés, comme si les morts les liraient.

XXIX. Dans les voyages et les combats, ils se servent de chars à deux chevaux, portantchar-gaulois2 un conducteur et un guerrier. Ils dirigent, dans les guerres, leurs attaques contre les cavaliers, lancent le saunium et descendent ensuite pour combattre l'ennemi à l'épée. Quelques-uns d'entre eux méprisent la mort au point de s'exposer nus et n'ayant qu'une ceinture autour du corps. Ils emmènent avec eux des serviteurs de condition libre, choisis dans la classe des pauvres, ils les emploient, dans les combats, comme conducteurs et comme gardes. Avant de livrer bataille, ils ont coutume de sortir des rangs et de provoquer les plus braves des ennemis à un combat singulier, en branlant leurs armes pour effrayer leurs adversaires. Si quelqu'un accepte le défi, ils chantent les prouesses de leurs ancêtres et vantent leurs propres vertus, tandis qu'ils insultent leurs adversaires et les appellent des lâches. Aux ennemis tombés, ils coupent la tête et l'attachent au cou de leurs chevaux. Ils donnent à porter à leurs serviteurs les dépouilles tachées de sang, et chantent le péan et l'hymne de la victoire. Ils clouent ces trophées aux maisons, ainsi que d'autres le font à l'égard des animaux pris à la chasse. Quant aux têtes des ennemis les plus renommés, ils les embaument avec de l'huile de cèdre et les conservent soigneusement dans une caisse. Ils les montrent aux étrangers en se glorifiant que leurs pères eux-mêmes n'ont pas voulu donner ces trophées pour beaucoup d'argent. On dit que quelques-uns d'entre eux, montrant une fierté sauvage, se sont vantés de n'avoir pas voulu vendre une tête contre son poids d'or. Mais si, d'un côté, il n'est pas noble de mettre à prix les insignes de sa bravoure, de l'autre, il est sauvage de faire la guerre aux morts de même race.

XXX. Les Gaulois portent des vêtements singuliers ; ils ont des tuniques bigarrées degaulois2 différentes couleurs, et des chausses qu'ils appellent bragues. Avec des agrafes, ils attachent à leurs épaules des saies rayées, d'une étoffe à petits carreaux multicolores, épaisse en hiver, et légère en été. Ils ont pour armes défensives des boucliers aussi hauts qu'un homme, et que chacun orne à sa manière. Comme ces boucliers servent non seulement de défense, mais encore d'ornement, quelques-uns y font graver des figures d'airain en bosse, et travaillées avec beaucoup d'art. Leurs casques d'airain sont garnis de grandes saillies et donnent à ceux qui les portent un aspect tout fantastique. A quelques-uns de ces casques sont fixées des cornes, et à d'autres des figures en relief d'oiseaux ou de quadrupèdes. Ils ont des trompettes barbares, d'une construction particulière, qui rendent un son rauque et approprié au tumulte guerrier. Les uns portent des cuirasses de mailles de fer ; les autres, contents de leurs avantages naturels, combattent nus. Au lieu d'épées, ils ont des espadons suspendus au flanc droit par des chaînes de fer ou d'airain. Quelques-uns entourent leurs tuniques de ceintures d'or ou d'argent. Ils se servent aussi de piques qu'ils appellent lances, dont le fer a une coudée de longueur, et près de deux palmes de largeur ; le fût a plus d'une coudée de longueur. Leurs épées ne sont guère moins grandes que le javelot des autres nations, et leurs saunies ont les pointes plus longues que leurs épées. De ces saunies, les unes sont droites et les autres recourbées ; de sorte que, non seulement elles coupent, mais encore déchirent les chairs, et en retirant le javelot, on agrandit la plaie.

XXXI. Les Gaulois sont d'un aspect effrayant ; ils ont la voix forte et tout à fait rude ; ils parlent peu dans leurs conversations, s'expriment par énigmes et affectent dans leur langage de laisser deviner la plupart des choses. Ils emploient beaucoup l'hyperbole, soit pour se vanter eux-mêmes, soit pour ravaler les autres. Dans leurs discours ils sont menaçants, hautains et portés au tragique ; ils sont cependant intelligents et capables de s'instruire. Ils ont aussi des poètes qu'ils appellent bardes, et qui chantent la louange ou le blâme, en s'accompagnant sur des instruments semblables aux lyres. Ils ont aussi des philosophes et des théologiens très honorés, et qu'ils appellent druides. Ils ont aussi des devins, qui sont en grande vénération. Ces devins prédisent l'avenir par le vol des oiseaux et par l'inspection des entrailles des victimes ; tout le peuple leur obéit. Lorsqu'ilssacrifice-gaulois consultent les sacrifices sur quelques grands événements, ils ont une coutume étrange et incroyable : ils immolent un homme en le frappant avec un couteau dans la région au-dessus du diaphragme ; ils prédisent ensuite l'avenir d'après la chute de la victime, d'après les convulsions des membres et l'écoulement du sang ; et, fidèles aux traditions antiques, ils ont foi dans ces sacrifices. C'est une coutume établie parmi eux que personne ne sacrifie sans l'assistance d'un philosophe ; car ils prétendent qu'on ne doit offrir des sacrifices agréables aux dieux que par l'intermédiaire de ces hommes, qui connaissent la nature divine et sont, en quelque sorte, en communication avec elle, et que c'est par ceux-là qu'il faut demander aux dieux les biens qu'on désire. Ces philosophes ont une grande autorité dans les affaires de la paix aussi bien que dans celles de la guerre ; amis et ennemis obéissent aux chants des bardes. Souvent, lorsque deux armées se trouvent en présence, et que les épées sont déjà tirées et les lances en arrêt, les bardes se jettent au-devant des combattants, et les apaisent comme on dompte par enchantement les bêtes féroces. C'est ainsi que, même parmi les Barbares les plus sauvages, la colère cède à la sagesse, et que Mars respecte les muses.

(…)

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commentaires

S
<br /> Alors les Gaulois savaient donc écrire; je redemande à une amie auvergnate qui avait publié un article sur une mystérieuse écriture restée connue localement, qui bouleverse un peu les connaissances<br /> officielles; elle va me redonner le lieu. Bonne journée !<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Bien sûr qu'ils savaient écrire. Enfin quelques-uns, rares. Ils écrivaient en langue gauloise et utilisaient pour cela l'alphabet grec ou parfois latin. Cependant, pas de littérature gauloise à<br /> se mettre sous la dent, mais principalement des inscriptions funéraires.<br /> <br /> <br /> <br />

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