Vaincue en 51 av. J.-C., la Gaule ne devient pas instantanément romaine. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour que la province romaine d’Aquitaine, qui va désormais de la Loire aux Pyrénées, soit organisée et prennent des caractères strictement Romains.
Dans les premiers temps de la conquête, le pouvoir est remis à des chefs locaux qui ont aidé César. C’est le cas de Sotiate Adietanus (de Sos dans le Lot-et-Garonne) ou du Santon Contoutos (région de Saintes) qui peuvent même frapper monnaie. Quand Auguste créait et organise la province d’Aquitaine en 27 av. J.-C., ces monnaies disparaissent progressivement, ceci indique l’arrivée d’administrateurs Romains qui vont organiser les agglomérations gauloises à l’image des villes romaines.
Burdigala devient la capitale des Bituriges Vivisques peu après la Conquête. Ce peuple est issu du peuple des Bituriges Cubes provenant de la région de Bourges. Ils sont installés par Auguste sur le territoire que convoitaient les Helvètes avant la guerre des Gaules.
C’est à la fin du premier siècle avant J.-C. qu’apparaissent les premiers monuments publics en pierre. Très rapidement, ses monuments seront détruits et remplacés par des nouveaux, plus grand. Des éléments architecturaux sont retrouvés en réemploi dans des niveaux archéologiques datés du règne d’Auguste, comme sur le Cours du Chapeau-Rouge. Les grandes artères, decumanus et cardo sont mises en place au début du premier siècle après J.-C. Le même schéma d’aménagement se retrouve dans toute la province d’Aquitaine, à Iluro (Oloron-Sainte-Marie), Mediolanum Santonum (Saintes), Venusa (Périgueux), Aginum (Agen) ou Aquae Tarbellicae (Dax), etc. À partir des années 20-30 de notre ère, toutes les agglomérations d’Aquitaine présentent les caractéristiques des villes « à la romaine », avec les bâtiments publics, des termes, des temples, etc.
Les campagnes sont aussi organisées, avec la création de vastes domaines agricoles : les villas. Plusieurs grandes agglomérations agricoles sont datées des premières décennies de notre ère comme Plassac (Gironde) ou Lalonquette (Pyrénées-Atlantiques).
Le mode de vie évolue avec l’usage de l’écriture, les inscriptions dans la pierre ou les graffitis gravés sur des céramiques se multiplient. La vaisselle de verre apparaît en plus grand nombre, tout comme les céramiques dites « sigillées », importées d’Italie avant la création de grands centres potiers en Gaule : Montans dans le Tarn, la Graufesenque en Aveyron ou Lezoux dans le Puy-de-Dôme.
De nouveaux produits alimentaires apparaissent et les goûts évoluent. Les huîtres sont désormais consommées dans la région, les amphores huilent d’olive arrivent en plus grand nombre, le vin de Tarraconaise (Espagne) remplace le vin d’Italie mais surtout, les Aquitains apprennent à produire du vin.
Même si quelques très rares indices de culture de la vigne existent avant le premier siècle, notamment près d’Agen et de Lectoure, il faut attendre le tournant de notre ère pour voir la vigne apparaître en Aquitaine. Sur le site de Saint-Christoly, au centre de Bordeaux, des ceps de vignes ont été découverts. Daté de la première moitié du premier siècle de notre ère, il témoigne, avec les très nombreux pépins de raisin découvert sur le site de Chapeau-Rouge, que Bordeaux a déjà une place prépondérante dans l’économie du vin. À partir de 50 après J.-C., le vin aquitain est bien connu à Rome où il inonde le marché. Une nouvelle forme d’amphores particulières à l’Aquitaine apparaît vers 60-70 après J.-C. pour l’exportation du vin, définitivement remplacé par le tonneau de bois autour de 140 après J.-C.
Source : Au temps des Gaulois, L'Aquitaine avant César éd. Errance
Image : Le Palais Galien de Burdigala.