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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 05:49

Le vicus et les canabae

 

Autour de ce camp se développent les « canabae » (terme militaire désignant les baraques dressées aux portes des camps de la légion, puis, par extension, les hangars et entrepôts de commerce) et la ville civile, « vicus » avec toutes les activités artisanales (fer, cuivre, bronze, cuirs, poteries…), les boutiques, les marchés destinées à subvenir aux besoins d’une armée sédentaire, mais aussi les tavernes, les lupanars, les lieux de spectacles variés, tout un univers dont les seuls revenus dépendent du pouvoir d’achat de la légion. C’est une ville prospère dont la population oscille au IIè siècle entre vingt et trente mille habitants..La cité est placée sous la double tutelle de « Mercure voiturier » et d’Epona, la déesse des chevaux.256  

La ville se développe en fait sur deux grands axes partant du camp : le premier vers le nord (actuel faubourg de Pierre) et surtout le second, partant vers la Gaule par Tres Tabernae (Caverne), l’actuelle « route des Romains » de Kœnigshoffen, qui s’étend sur plus de trois kilomètres. Il y avait sans doute une rocade à l'Ouest du camp, entrevue notamment place Kléber, reliant le système de voies sud-nord passant par Strasbourg.

 

Kœnigshoffen

 

La concentration la plus importante de population et d’activités se situait sous l'actuelle banlieue de Kœnigshoffen. Cette localité antique est connue par l'épigraphie comme un vicus canabarum habité par des vicani canabenses comme l’atteste une inscription très intéressante d’un autel dédié au Génie du vicus, trouvée en 1851 à l'angle de la route des Romains et de la rue du Schnokeloch, mais malheureusement détruite en 1870. Kœnigshoffen était en fait traversée d'est en ouest par deux axes de circulation, que l’on retrouve encore en grande partie dans l'agglomération d'aujourd'hui : l'axe principal semble avoir été l'actuelle route des Romains, doublé au Nord par l'Altweg, les deux voies se diversifiant, l’une vers Marlenheim-Wasselonne-Saverne, l’autre vers Molsheim et la vallée de la Bruche. Ces voies étaient sans doute recoupées à l'ouest de la localité par une voie sud-nord, peut-être à la hauteur du couvent des Capucins…

Les fouilles ont mis en évidence une distribution orthogonale en quartiers. Une particularité de Kœnigshoffen est l’imbrication étroite de l'habitat, des installations artisanales et des nécropoles. L'habitat se développe le long de la voie principale et des rues perpendiculaires : il se signale par des constructions relativement « légères », (pan de bois et torchis, certaines avec caves).

Dans la partie centrale de l'agglomération actuelle ont été découverts un grand nombre de fours de potiers et de dépotoirs : la production de céramique (principalement cruches, et urnes) s'est faite essentiellement entre le milieu du Ier siècle et la fin du IIè siècle. Des tuileries légionnaires (principalement de la VIIIè légion) se trouvaient à l'Ouest, du côté de l'ancienne Chartreuse (Couvent des Capucins). Le matériau de fabrication était partiellement extrait localement et provenait de la terrasse de lœss dominant la Bruche et le petit Muhlbach. Les tuiles étaient distribuées surtout par voie d'eau.

Au pied de la terrasse de Kœnigshoffen, à la Montagne-Verte, a été découvert un quai aménagé (lié à des darses ?) ainsi que les vestiges de deux radeaux pouvant charger chacun plusieurs tonnes de matériel. Le port s’occupait sans doute aussi de flottage et de transport de grès de Haslach). L'armée a ainsi été très présente à Kœnigshoffen : les ateliers de poterie étaient vraisemblablement placés sous son contrôle. Le faubourg257.jpg pratiquait aussi d’importantes activités maraîchères.

Une partie de la nécropole de Kœnigshoffen, composée de tombes à incinération et à inhumation a livré des tombes de légionnaires (pierres tombales de la IIè légion, notamment celle de Largenius du Musée archéologique de Strasbourg). A l'extrémité ouest du faubourg de Kœnigshoffen (lieu-dit « Hohberg »), ont été découvertes les traces d'un très grand mausolée circulaire de 60m de diamètre : il s’agit sans doute d’un tertre artificiel de 20m environ de haut, rehaussé de sculptures et de plantations. Sa situation dans la perspective du camp et son élévation lui assuraient d'être vu de tous les environs.

Enfin, à l’emplacement de l’église protestante saint Paul, ont été découverts en 1911 les vestiges d'un important sanctuaire dédié à Mithra qui sera détruit en 395. D’autres sanctuaires, petits et plus grands ont été mis à jour : rue des Capucins, sous l'ancienne brasserie Gruber, à l'Ouest de la rue du Schnockeloch…


 

Image : 1/ plan général du camp militaire et des diverses zones d’occupation (vicus et canabae) en l’état actuel des fouilles et découvertes _ 2/ stèle du légionnaire Largennius de la IIè légion. Musée archéologique de Strasbourg. Règne de Tibère, Ier siècle

 

Source : http://www.encyclopedie.bseditions.fr

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