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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 08:01

Repéré grâce à une photographie aérienne de 1989, le site du Quiou a été acquis par leP1030016.JPG conseil général des Côtes d'Armor au titre des espaces naturels sensibles, ce qui a permis d’en programmer la fouille.

La villa gallo-romaine du Quilliou est un ensemble bâti : thermes, habitat et entrepôts agricoles, se côtoient sur une surface d’un hectare et demi environ. Après la conquête romaine, en 51 avant notre ère, la romanisation s’implante et de grandes fermes s’installent sur le territoire gaulois.

Les fouilles mises au jour ont permis de dater la villa : la première occupation remonte à la période augustinienne (début du premier siècle de notre ère). Cette occupation constitue l’établissement rural de type « romain » le plus anciens actuellement connus en Armorique.

Associé à deux autres villae repérées à moins de 5 km (commune de Plouasne et de Tréfumel), cette occupation « atypique » particulièrement précoce et dense pourrait être due à l’exploitation du calcaire et la fabrication de la chaux indispensable à la construction des édifices romains. Les études montrent que le calcaire utilisé pour la construction de la cité de Corseul (capitale de cité des Coriosolites) et du sanctuaire du haut Bécherel provient du bassin du Quiou.

La villa du Quiou servait de résidence secondaire à une famille de notables. Ces propriétaires demeuraient en zone urbaine (probablement à Corseul) durant la majeure partie de l’année et percevait le produit de l’exploitation agricole alentour, assurée par des domestiques et des esclaves.P1030018.JPG

Le bâtiment principal est installé sous une plate-forme préalablement nivelée et terrassée. Il mesure 40 m de large x 56 m de long. Trois ailes encadrent cette cour de 600 m² divisés en deux. À l’est se trouve l’accès à la cour, et les deux galeries de façade permettaient d’accéder aux galeries des ailes nord et sud. La partie résidentielle, organisé autour d’une grande pièce d’apparat, se trouve à l’ouest au fond de la seconde cour.

Un talus d’environ 1 m de haut délimitait un glacis de 5 m de large contre le mur de l’aile sud. En contrebas du bâtiment principal, des fosses de plantation d’arbres orthonormées et axés sur les murs directeurs de la villa dessinent l’emplacement d’un verger sur au moins 75 m de long (nord/sud). Si la qualité de mobilier est encore faible pour dater les phases initiales de construction, c’est l’édifice thermal  ajouté dans le prolongement de l’aile nord qui permet d’avancer une date précoce soit le premier quart du Ier siècle de notre ère.

L’établissement thermal s’étend sur une superficie de 280 m² (15 m est/ouest x 18,5 m). Il est flanqué, peut-être dès l’origine, de deux galeries disposées de manière à allonger ses côtés sud et est. Constitué d’espaces d’accueil et d’agrément (vestibule, cours, vestiaire), de salles chauffées par un système d’hypocauste sur pilettes, il est doté d’une natatio de 24 m². Ces termes ont connu cinq remaniements principaux matérialisés par des modifications de plan (déplacement des bassins et des systèmes d’évacuation, ajout/abandon de salles) et des réfections (chaufferies et enduits, décors…). Après une phase de croissance architecturale inscrite dans le premier siècle de notre ère, l’on assiste à une lente diminution des surfaces bâties jusqu’à l’abandon des termes dans le courant de la seconde moitié du IIème siècle.P1030019.JPG

                                     Hypothèse de restitution de la villa


C’est au début du IIème siècle qu’un troisième bâtiment est ajouté contre l’aile sud du bâtiment principal. En partie restituée, il s’organise autour d’un espace central allongé (12,6 m x 4 m) bordée de deux couloirs-galeries (2,4 m de large) desservant chacun deux pièces (6x4 m chacune), dont une était chauffée par un hypocauste à pilettes. D’après sa morphologie, l’hypothèse d’une fonction mixte de magasin et de logement, mansio ou habitat du villicus, semble pouvoir être retenu.

La parcelle située au nord des thermes et du bâtiment thermal montre des constructions sur sablières et/ou poteaux, et un puits ; les évacuations (vers l’ouest) des eaux usées des deux bâtiments se présentent sous la forme de fossés successifs. Ces espaces techniques liés au fonctionnement des thermes et de la villa se trouvaient isolée.

La pars rustica de la villa, diagnostiquée lors de la campagne 2009 à la suite d’observations pédestre, s’étend sur près de 5 ha dans les parcelles situées à l’ouest et ce jusqu’au bourg actuel du Quiou, sous la forme de fosses, de trous de poteaux, de fours, de fossés et de radiers de sol.

Au IIIème siècle, l’aile nord du bâtiment principal comporte des aménagements liés auP1030034 chauffage. Un probable chemin bordé de deux fossés s’installe au sud du bâtiment III et l’ancien bâtiment thermal subit à cette période au moins un réaménagement à l’aide de structure porteuse boisée au niveau des anciennes pièces chauffées. Les niveaux de circulation de cette période ont été totalement arasés par les labours, ce qui rend l’appréciation de l’activité humaine difficilement estimable.

Pendant l’Antiquité tardive (IV-Vème siècle), de nombreuses fosses et des fosses-foyers sont implantées dans les cours intérieurs et extérieurs. Les foyers semblent disposés de préférence à l’emplacement des anciennes galeries de la villa (zone 2 et 3). Les fosses se présentent sous des formes diverses : fosses d’extraction « polylobées » et fosses-silos parfois de grande capacité. Après leur utilisation, elles sont remblayées à l’aide d’un sédiment généralement très charbonneux provenant de la vidange de foyers. Le respect des espaces couverts du bâtiment principal de la villa, permet de penser qu’ils sont encore occupés à cette époque.

Des fosses et un four contenant du mobilier carolingien et du bas Moyen Âge se situe dans l’axe d’entrée du bâtiment I et contre le bâtiment II (four).

 

Source : L'Archéologue N° 106

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