À la mort d’Auguste, en 14 après Jésus-Christ, l’Empire romain aurait compté, sans la Bretagne, 54 millions d’habitants pour une superficie totale de 3 339 500 km², soit 16 habitants au km² et sa partie européenne 23 millions d’habitants pour une superficie de 2 231 000 km², soit 9,7 habitants au km². Pour préciser la répartition régionale, on partira des calculs de Karl Julius Beloch (1886)
Contrées | Superficie en km² | Nombre d'habitants | Densité |
Italie | 250 000 | 6 000 000 | 24 |
Sicile | 26 000 | 600 000 | 23 |
Sardaigne et Corse | 33 000 | 500 000 | 15 |
Espagne | 590 000 | 6 000 000 | 10 |
Narbonnaise | 100 000 | 1 500 000 | 15 |
Gaule | 535 000 | 3 400 000 | 6,3 |
Provinces danubiennes | 430 000 | 2 000 000 | 4,7 |
Grèce | 267 000 | 3 000 000 | 11,2 |
Total | 2 231 000 | 23 000 000 | 9,7 |
Ce tableau comporte évidement une très large part d'hypothèses. Bien que les méthodes se soient affinées et que la documentation ait augmenté, grâce aux découvertes épigraphiques de ces dernières décénnies, les résultats ne sont guère plus assurés qu'à l'époque ou Beloch écrivait. En ce qui concerne la population de l’Empire on en reste à l’évaluation fruste de 50 millions d’habitants, dont environ la moitié en Europe. Ce bilan n’a rien de certain, il est au mieux vraisemblable.
En ce qui concerne l'Italie, les évaluations varient entre 6 et 20 millions. Les plus modestes sont les plus dignes de foi. On sait qu'en 48 ap. J.C., le nombre des citoyens romains s'élevait à 5 948 072 habitants ; déduction faite de ceux qui vivaient hors d'Italie, mais compte tenu des enfants et des esclaves, on devait retrouver un total de 7 millions.
La population espagnole a été évaluée à partir d'un renseignement de Pline qui concorde assez bien avec les calculs de Beloch et de J.C. Russell (1958).
Pour la Gaule hélas, les estmations sont très disparates : Camille Jullian (entre 1908 et 1920) évoque une Gaule de 20 à 30 millions d'habitants au moment de la conquête romaine. Albert Grenier (en 1937) en propose 15 à 20 , et reproche à Beloch de réduire la population à 4,9 millions (dans le cadre de l'Hexagone) dans le but de minimiser la fécondité de la femme française. Le travail de ce dernier est toutefois largement fondé sur la vraisemblance de densités attendues.
On attribue souvent à la Rome d'Auguste une population de plus de 500 000 habitants, sans autres précisions. Il est vrai que la question de la population romaine a mobilisé les historiens de l'Antiquité dans de longues querelles érudites. La chronique de saint Jérome attribue 463 000 habitants à la ville, mais cette évaluation n'a apparemment aucun fondement et résulterait d'une confusion. Il y a des estimations plus déraisonnables tablant sur 1,6 millions d'habitants. Ces incertitudes sont nourries par une documentation qui a parfois suscité de grands espoirs vite déçus. À partir d'une notice du IVe siècle ap. J.C., beaucoup de discussions se sont greffée autour de la définition de l'insula qui peut être soit un immeuble, soit un simple logement : dans le premier cas Rome aurait eu 200 000 habitants; 950 000 dans le second. Problème insoluble en fait. Une seule chose est certaine, Rome a connu son apogée au IIe siècle ap. J.C. et comptait alors plus de 500 000 habitants.
Source : Histoire des populations de l'Europe - J-P Bardet & J Dupâquier éd. Fayard