L’unification d’une partie de l’Europe est déjà réalisée par les Celtes. Depuis le IVe siècle avant Jésus Christ, les formes politiques, les croyances et les phénomènes sociaux sont partout analogues. L’homogénéité de l’art, de l’artisanat et de l’art, nous fait supposer des échanges de toutes natures facilités par une langue commune. Les tendances artistiques subissent les mêmes influences méditerranéennes, orientales ou intraceltes. Au premier siècle, à peu près toute l’Europe celtique connaît les oppida. Les monnaies couvrent, elles, tout le domaine des Celtes. La Gaule est le plus vaste et le plus riche pays du monde celtique. Beaucoup des techniques gauloises ont été empruntées ou copiées par ses voisins. Les monnaies gauloises, à l’iconographie spécifique sont les plus originales et les plus variées. Cette richesse artistique, technique et humaine ajoutées aux vertus d’adaptation de ce peuple, justifient la place prépondérante qu’à occupée la Gaule dans l’Europe celtique.
La Gaule du premier siècle est divisée en de multiples peuples. Les hégémonies s’effondrent. D’anciens peuples dominants (Arvernes, Ambiens), des tribus puissantes (Eduens, Pictons), des tribus plus petites à l’indépendance économique (Parisii) et des tribus clientes n’ont pas toutes le même régime politique. La Gaule est en pleine mutation économique et politique. Les intérêts de certains nobles, économiquement une force du passé s’opposent à ceux des commerçants et des artisans. Jules César profite de cette déstabilisation. La Guerre des Gaules n’est pas le soulèvement général de tout le pays face aux romains. Vercingétorix est au contraire le représentant de cette classe sociale, l’aristocratie en perte d’influence politique. De plus, les monnaies, retrouvées dans les fossés d’Alésia, montrent que seuls les Éduens, les Bituriges, les Séquanes et bien sûr les Arvernes, sont venus à l’aide du généralissime…
En Narbonnaise, les tribus les plus puissantes sont les Volques du Languedoc et les Allobroges du Dauphiné. Les Rutènes du Rouèrgue et les Gabales du Gévaudan possèdent de nombreuses mines d’argent. Au sud-ouest, l’Aquitaine est peu celtisée hormis quelques enclaves dans la région de Bordeaux et d’Agen. Marseille et Narbonne commerce aussi avec la Bretagne, la Grande-Bretagne actuelle. Les textes nous parlent des activités des marchands méridionaux rapportant, après un long cheminement à travers la Gaule, l’étain qu’ils sont allés chercher en Bretagne.
La Gaule du Nord est habitée par des peuples celtes dits « Belges ». Les Nerviens interdisent absolument l’importation du vin et de tout autre produit de luxe. Ils méprisent la cavalerie et préfèrent combattre à pied. Les Ambiens, s’étendent sur les deux rives de la Somme. Les Atrébates d’Arras et les habitants d’Amiens sont réputés pour la fabrication de leur cucullus, le manteau gaulois à capuche.
A l’ouest, l’Armorique, la Bretagne actuelle, entretient des contacts privilégiés avec l’Ile de Bretagne. Parallèlement, son réseau d’échange se développe avec le Sud. Le massif armoricain est très riche en minerai de fer. De nombreux habitats, pour l’extraction du sel marin, sont installés le long de littoral. Les Vénètes et les Osismes sont les tribus principales. Les Vénètes, aux navires de chênes et aux voiles de cuirs, occupent tous les ports et lèvent des péages sur ceux qui naviguent dans leurs eaux. Ils passent aussi pour de grands éleveurs de chevaux. Nantes abrite les Namnètes, la Normandie les Aulerques.
C’est la Gaule chevelue qui abrite les Gaulois proprement dits. Cette étrange dénomination lui vient de l’étendue de ses forêts où poussent le hêtre, le chêne, le pin et le sapin. Les Gaulois nourrissent leurs porcs de glands et savent extraire la résine des conifères.
Au IIe siècle (av. J.C.), les Arvernes qui étendent leur domination sur une grande partie du pays sont « les maîtres de la Gaule ». En -121, Bituitos, leur roi, tente de s’opposer, sans succès à la conquête du midi. Leur empire est alors démantelé, mais ils restent encore très puissants. Jules César met longtemps avant d’oser les attaquer. En -52, les Arvernes décident de rompre l’encerclement que le Romain a organisé autour de leur territoire, d’entraîner leurs clients et de profiter de l’agitation pour organiser un soulèvement général. Ils confient la direction des opérations à un jeune noble, Vercingétorix, qui tente de rallier toute les tribus.
En Bourgogne, les Eduens, grands rivaux des Arvernes, sont très tôt les « frères, amis, alliés » des romains. Cette amitié, qui leur a été beaucoup reprochée, n’est motivée que par un intérêt économique puissant. En effet, les Eduens s’enrichissent du commerce qu’ils font avec les Romains. Leur capitale, Bibracte, est un oppidum de très grande importance. Après la victoire de Gergovie, la capitale des Arvernes, une partie de l’Aristocratie, notamment chez les Eduens, sentant les Romains en perte de vitesse, lâchent César au cours de l’assemblée générale des Gaulois à Bibracte qui devient le centre de la résistance gauloise. C’est pourtant dans cette ville que Jules César écrira « De Bello Gallico » (La Guerre des Gaules) pendant l’hiver -52, -51.
Encerclé à Alésia, capitale des Mandubiens, en pays Eduen, Vercingétorix se rend à César.
Le sel est abondant chez les Séquanes, qui tirent leur nom de Sequana, la Seine. Leurs salaisons sont extrêmement réputées.
La forêt des Carnutes est le centre de la Gaule et le siège du culte druidique. Cebanum, leur capitale, sert d’entrepôt aux céréales avant qu’elles ne repartent par bateau. L’insurrection gauloise de décembre /janvier -52 est donnée à partir de Cebanum par Conconnetodommus qui y dirige le massacre de tous les négociants romains installés dans cette ville.
Certaines tribus par leur position géographique jouent le rôle de carrefour. Avaricum, la capitale des Bituriges, est une des plus belles et plus riches cités de la Gaule. Vercingétorix, qui prône la tactique de la terre brûlée, décide de l’incendier. Il cède à la supplication des Bituriges de n’en rien faire. Après un siège de 25 jours, Avaricum tombe entre les mains de Jules César. Hommes, femmes, enfants et vieillards sont massacrés.
Lutèce, la capitale des Parisii, est le principal carrefour du Nord de la Gaule. Cette petite cité jouit d’une prospérité exceptionnelle. Située aux confluents de la Marne et de l’Oise, elle contrôle la route de l’étain britannique sur la Seine et s’enrichit des péages qu’elle lève.
Au nord-est, les Trévires, « des cavaliers particulièrement réputés pour leur bravoure », sont influencés par les Germains.
Le Midi de la Gaule
Coutumes et modes de vies sont bien particuliers à ces populations locales sous influences celtiques, grecques, ibères. Les maisons sont en pierres sèches ou liées avec de l’argile, recouvertes parfois d’un enduit. Les murs sont rarement en briques. Des sanctuaires que l’on appelle celto-ligures sont ornés de riches peintures. Des crânes humain y sont cloués ou enchâssés dans des portiques. Des sculptures de pierre nous laissent le souvenir de guerriers héroïsés assis et d’animaux.
Au VIe siècle, des marchands grecs d’Asie mineure, des Phocéens, fondent Massilia. Ce comptoir permanent, un emporion, dirigé par une oligarchie marchande, n’est pas une colonie à proprement parler. Marseille aux IVe et IIIe siècles avant Jésus Christ, développe ses relais économiques, étend son influence en créant des comptoirs sur tout le littoral, et en Languedoc. Ses plus grands établissements sont Agde, Antibes et Nice. Les sites perchés se multiplient, la culture grecque se répand dans ce monde qui s’hellénise. Les Phocéens introduisent de nouvelles pratiques agricoles inconnues en Gaule Chevelue. Les paysans apprennent à cultiver la vigne et l’olivier. Marseille s’allie à Rome dès le IIIe siècle, ouvrant ainsi la voie à la conquête romaine. Mais la Provincia lui fait de la concurrence déloyale. Au Ier siècle, le vin italien éliminera complètement le vin massaliote de tous les marchés gaulois. Jusqu’à sa prise par César en -49, Massalia restera un état indépendant, actif et prospère.
Au VIe siècle, la future Narbonne, qui entretient des relations commerciales avec Marseille, est la capitale des Elisyques. Saliens, Ligures et grecs vivent dans des villes et des comptoirs. C’est justement cette puissance économique et cette position géographique qui conduisent les Romains, en 120, à y établir la plus ancienne colonie hors d’Italie. En 118, des colons s’installent dans la campagne environnante de cette Provincia qui s’appelle désormais la Narbonnaise, du nom de sa capitale Narbo Martius. Le Roussillon, le Languedoc, les Cévennes, la Provence, une partie de la vallée du Rhône et des pré-Alpes font dorénavant parties du territoire romain. Cet axe Narbonne/Toulouse libère ainsi les Romains de la tutelle massaliote pour la pénétration de leurs produits en Gaule du Nord. Cette province assure la protection des communications avec l’Espagne riche en métaux et contrôle le trafic de l’une des places les plus importantes de la méditerranée. Déclarée province consulaire en -60, son premier magistrat n’est autre que Jules César. C’est à partir de la Narbonnaise qu’il envahit la Gaule indépendante.
Source : Fiches Pédagogiques du Musée des Antiquités Nationales