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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 18:01

20 février 197, bataille de Lugdunum (Lyon)

 

Après la mort de l'empereur Pertinax en 193, une lutte s'engage pour sa succession. L'empereur de Rome, Didius Julianus, doit faire face à un prétendant, le commandant des légions pannoniennes Septime Sévère. Avant d'aller à Rome, Sévère fait alliance avec le puissant commandant des légions de (Grande)Bretagne, Clodius Albinus. Après avoir éliminé Didius en 193, Pescennius Niger en 194, Sévère accorde à Albinus le titre de César en avril 194, puis le prend comme collègue pour le consulat de l'année 194. Mais après une campagne en Orient en 195, Sévère attribue à son fils le titre de César. Cette nomination entraîne la rupture de son alliance avec Albinus qui est déclaré ennemi public par le Sénat.Septimius_Severus.jpg                                                             Septime Sévère

En 196, après avoir été acclamé empereur par ses troupes, Clodius Albinus marche sur la Gaule. D'après l'historien Dion Cassius, jusqu'à 150 000 hommes prennent part à l’affrontement dans chaque camp. Ce nombre est très probablement exagéré car cela signifierait que près des trois-quarts des troupes de l'empire romain de l'époque y auraient participé. Il est néanmoins vraisemblable qu'Albinus emmene alors tous ses effectifs de Bretagne, soit trois légions et des troupes auxiliaires. De Gaule, il envoie des messagers demander des subsistances et de l’argent. Il installe son quartier général à Lugdunum, incorporant la XIIIe cohorte urbaine qui servait de garnison dans cette capitale provinciale. Il y est rejoint par Lucius Novius Rufus, le gouverneur de Tarraconaise et par la VIIe légion Gemina.

Durant l’année 196 les escarmouches se succèdent dans différents secteurs. Albinus attaque les forces de la province de Germanie dirigées par Virius Lupus. Il les bat mais cette victoire n'est pas suffisante pour convaincre ces troupes de leur intérêt à changer de camp. Albinus envisage alors d'envahir l'Italie, mais Sévère qui a prévu cette éventualité a renforcé les garnisons protégeant les cols alpins. 

Durant l'hiver 196-197, Sévère rassemble ses forces le long du Danube et marche vers la Gaule, où, à sa grande surprise Albinus dispose de troupes équivalentes aux siennes. Les deux armées s'affrontent d'abord à Tinurtium (Tournus), où Sévère bien que vainqueur ne peut obtenir une victoire décisive.Clodius_Albinus.jpg                                                        Monnaie de Clodius Albinus

L'armée d'Albinus fait retraite vers Lugdunum et celle de Sévère la suit. La bataille frontale et décisive commence le 11e jour avant les calendes de mars (19 février 197).  D’après tous les narrateurs, l’issue de la bataille est longtemps incertaine. Selon Dion Cassius l’aile gauche d’Albinus finit par plier et se retir dans son camp. Elle est alors immédiatement attaquée par les soldats de Sévère. De l'autre côté, l’aile droite feint une attaque pour lancer ses traits, suivie d’un repli et attire les sévériens dans un secteur piégé de tranchées dissimulées où ils tombent en désordre et commencent à se faire massacrer. Sévère intervient avec ses prétoriens, mais tombe de cheval, frappé par une balle de fronde en plomb selon l’Histoire Auguste. Se relevant il déchire son manteau impérial, tire son épée et se jetant parmi les fuyards parvient à les arrêter et à les ramener au combat. Hérodien donne une version moins glorieuse : l’armée d’Albinus est en train de l'emporter dans le secteur commandé par Septime Sévère, qui en se repliant tombe de cheval et doit abandonner son manteau impérial pour n’être pas reconnu.

Le cours de la bataille est boulversé par l’intervention décisive de la cavalerie de Laetus qui contre-attaque de flanc les troupes d’Albinus. Celles-ci se croyant victorieuses ne sont plus en ordre de bataille et se débandent après une brève résistance. Les troupes de Sévère les poursuivent jusqu’à Lugdunum (Lyon) et les massacrent dans le cul-de-sac que constitue le confluent de la Saône et du Rhône. Hérodien et Dion Cassius insinuent tous deux que Laetus aurait attendu pour intervenir que l’affaire tourne mal pour Sévère, dans l’espoir de se faire proclamer empereur à sa place.

Le bilan de la bataille est inconnu, les auteurs évoquent de lourdes pertes de part et d’autre, mais aussi des prisonniers et des fuyards. Dion Cassius décrit le classique tableau des champs de bataille : plaine couverte de cadavres d'hommes et de chevaux, ruisseaux de sang qui coulent dans les fleuves. Tertullien, écrivain africain contemporain des faits, se fit l’écho du massacre, en datant un de ses écrits du temps où « le Rhône n’avait pas eu le temps de laver ses rives ensanglantées ».

Le sort exact d'Albinus n'est pas connu, car les auteurs divergent. Aurelius Victor, auteur tardif, mentionne laconiquement qu’il est tué près de Lyon. Dion dit qu’il se réfugie vers Lugdunum où il se suicide. Sévère le fait décapiter et fait disperser le reste de son corps. Selon Hérodien, les soldats de Sévère le capturent dans Lyon et le décapitent. L’Histoire Auguste rapporte diverses issues : suicide, tué par ses soldats, ou frappé par un de ses esclaves et trainé mourant devant Sévère. Toujours selon l’Histoire Auguste, Sévère aurait fait piétiner son corps par son cheval, l’aurait laissé exposé plusieurs jours, puis l’aurait fait déchiqueter par des chiens et jeter les restes dans le Rhône. En revanche, tous les auteurs s’accordent pour indiquer que la tête d’Albinus fut envoyée à Rome afin d’y être exposée en guise d'avertissement.

La ville de Lugdunum fut quant à elle livrée au pillage des soldats vainqueurs et incendiée.

L'archéologie situe la bataille vers la place Sathonay, à Lyon, quartier au pied de la colline de la Croix-Rousse et proche de la Saône.


À la suite de ce conflit, le pouvoir de Septime Sévère est définitivement établi. La répression frappe en Gaule et en Espagne ceux qui ont aidé Albinus, à Rome les sénateurs qui l'ont soutenu, trahis par les lettres saisies dans les archives d’Albinus.

La XIIIe cohorte urbaine basée à Lugdunum et dispersée dans la bataille ne fut pas reconstituée. Sévère remplaça cette garnison par des détachements prélevées sur les quatre légions du Rhin, récompensant leur fidélité par des affectations de tout repos.


Divers objets militaires trouvés sur site sont présentés dans le Musée gallo-romain de Fourvière : armes blanches, balles de fronde en plomb, cotte de mailles...

 

Sources : Dion Cassius, Histoire Romaine Gallica.bnf.fr  _  Anonyme, Histoire Auguste -Vie d'Alexandre Sévère Wikisource.org  _  Hérodien, Histoire des empereurs romains de Marc-Aurèle à Gordien III Wikisource.org

 

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