Vercingétorix se rendant à César (1886), musée Crosatier, Le Puy-en-Velay
Paysagiste, illustrateur, architecte et critique d'art, Henry Paul Motte est aussi un peintre d'histoire particulièrement inspiré, élève de Jean-Léon Gérôme, qui fut l'un des grands maîtres en matière de reconstitution historique. Henri Paul Motte, à qui l'on doit également un César s'ennuie ou Le Passage du Rhône par Hannibal, fait partie de ceux que l'on appelle, les peintres pompiers. Avec son maître Gérôme, il s'inscrit contre tout modernisme en peinture et s'oppose aux impressionnistes. Son art de la mise en scène devance les futures grandes productions cinématographiques historiques.
Peut-être inspiré par le récit de Plutarque, H. P. Motte donne à son tableau un air de photographie instantanée. Dans la deuxième partie du XIXè siècle, en effet, les peintres doivent faire face à une rude concurrence : la photographie. Les artistes portraitistes, très nombreux jusqu'ici, ferment boutiques les uns après les autres. Deux solutions se posent alors, peindre différemment (impressionnisme, pointillisme, etc...), ou réaliser des peintures à la fois formidable de réalisme et surtout à la mise en scène grandiose. C'est le cas avec cette œuvre, où, Vercingétorix fier, au cheval fougueux, vient se rendre à César que l'on devine au bout d'une longue allée. «Le chef suprême de la guerre, Vercingétorix, raconte Plutarque, prit ses plus belles armes, para son cheval et franchit ainsi les portes de la ville. Il vint caracoler en cercle autour de César qui était assis, puis, sautant à bas de sa monture, il jeta toutes ses armes et s'assit lui-même aux pieds de César...»
En réalité, les choses ne se passèrent pas ainsi mais là n'est pas l'importance. En 1886, l'œuvre d'Henri Paul Motte remporte un vif succès. La France vient de perdre l'Alsace et la Loraine suite à la guerre de 1870, ce tableau remonte le moral du peuple français, vaincu mais toujours debout. César, c'est Bismarck; Vercingétorix, c'est Gambetta; la bataille d'Alésia, c'est Sedan ou le siège de Paris. Aujourd'hui c'est Rome (la Prusse) qui gagne, mais le peuple gaulois (français) sera toujours là quand Rome (la Prusse) s'effondrera.