La fouille archéologique du faubourg d’Arroux, au nord d’Autun, menée sur prescription de l’État (Drac Bourgogne) dans le cadre d’un projet de logements sociaux, et mené dans le plus grand secret pour éviter les pillages, a permis la découverte d’un quartier antique partagé entre artisanat et habitat aisé. Les archéologues ont notamment mis au jour l’officine du coroplathe (fabricant de figurines) Pistillus : four de potier, moules, figurines et ratés de cuisson signés « Pistillus » confirment la présence de son officine à Autun. Son œuvre, bien que populaire, se distingue par des statuettes soignées et des thèmes variés : déesses protectrices, Vénus, Abondance, animaux, mais aussi de tendres représentations de l’intimité romaine. Lors des dernières semaines de la fouille, principalement consacrées à l’étude d’un ensemble de vestiges datant de l’époque augustéenne (début du Ier siècle de notre ère), un important dépôt monétaire a été exhumé.
117 000 pièces romaines Voir l'album
De graves crises frappent l’Empire à cette période : guerres incessantes entre prétendants au trône, épidémies, poids financier et politique de l’armée, pression aux frontières, crise économique, etc. L’État romain n’est plus en mesure d’assurer pleinement la pérennité et le contrôle du système monétaire. De petits monnayages de bronze, de peu de valeur, qu’on peut qualifier de « monnaie de nécessité », apparaissent alors : ils sont produits par des particuliers mais sont plus ou moins tolérés par l’État. Ils imitent pauvrement les émissions officielles et les effigies sont difficilement identifiables. Les pièces découvertes à Autun se rapprochent de celles typiques du IIIe siècle, telles les monnaies de Tétricus.
La forte teneur en cuivre du dépôt a permis au panier en vannerie, dans lequel elles étaient stockées, d’être en partie conservé.
Si l’ensemble avait une certaine valeur, il ne s’agit probablement pas d’un trésor dissimulé, mais plutôt d’un dépôt de pièces déclassées destinées à la refonte. La fosse est d’ailleurs située dans l’emprise d’un des ateliers de métallurgie mis au jour sur le site. En effet, pour rétablir une économie monétaire saine, certains empereurs ont lancé des réformes et tenté de remplacer les anciennes pièces sans autre valeur que celle de leur métal. Le dépôt monétaire d’Autun est peut-être lié aux réformes de Dioclétien sous la Tétrarchie (fin IIIe siècle-début IVe siècle).
Un second dépôt devait se situer non loin du premier puisque un peu plus de 2 000 pièces ont été collectées à l’emplacement d’un mur du même atelier. Mais le démantèlement de cette maçonnerie, au IVe siècle ou Ve siècle, a dû partiellement le détruire.
Ces vestiges numismatiques vont permettre de mieux appréhender tant les aspects du monnayage non officiel, que les phénomènes de déclassement et de refonte des monnaies durant l’Empire.
Ces ensembles viennent s’ajouter aux quelque 300 monnaies romaines – en bronze dans leur très grande majorité – découvertes sur le reste de la fouille. Communes ou rares, ces monnaies, au même titre que les autres objets et vestiges, ne livrent d’utiles indications que parce qu’elles sont découvertes et étudiées dans leur contexte archéologique.
Agendicum 09/12/2010 06:45
Lutece 09/12/2010 19:07