Alors qu’il célébrait dimanche les vêpres en la basilique Saint-Paul-hors-les murs pour clore l’année sainte consacrée à
l’Apôtre, Benoît XVI a lui-même révélé les derniers résultats scientifiques concernant le célèbre tombeau présent sur les lieux et jamais ouvert en dix-neuf siècles.
Les ossements retrouvés dans le sarcophage vénéré depuis des siècles comme celui de l’apôtre Paul ont été datés au carbone 14 et sont ceux d’un homme ayant vécu au premier ou au deuxième siècle de
notre ère. « Tout ceci semble confirmer la tradition unanime et incontestée qu’il s’agit de restes de l’apôtre Paul », s’est réjoui le Pape en faisant part de la « profonde émotion » qui remplit son âme à cette nouvelle.
La tradition multiséculaire qui faisait de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs le lieu de la sépulture de Paul martyrisé, entre 64 et 67 de notre ère sur la route d’Ostie, à l’ouest de Rome, se trouve donc confortée. Un premier édifice mortuaire, construit au premier siècle sur le lieu présumé de sa décapitation, a été remplacé à partir de 392 par la gigantesque basilique bâtie sous les règnes des empereurs Valentinien II, Théodose et Arcadius.
Le sarcophage, mis au jour par des fouilles sous le maître-autel de la basilique en 2002 mesure 255 cm de long sur 125 cm de large et 97 cm de haut. L’épaisseur de la pierre est de 12 cm. Depuis fin 2006 une ouverture a été pratiquée pour permettre aux visiteurs d’apercevoir la tombe. Une minuscule perforation avait aussi été pratiquée dans le sarcophage pour y introduire une sonde spéciale. Cette dernière a permis de prélever au milieu de « minuscules fragments d’os » en même temps que des « fragments d’un précieux tissu de lin de couleur pourpre, maliné d’or fin, et un tissu de couleur bleue avec des filaments de lin », selon les précisions du successeur de Pierre. La présence d’encens rouge et de substances
protéiques et calcaires a également été révélée par l’analyse scientifique réalisée à l’aide de cette sonde.
«Nous savions depuis un an et demi (...) qu’il s’agissait des reliques de saint Paul, mais nous ne l’avons pas dit plus tôt parce que c’était une annonce que seul pouvait faire le Saint-Père », a confié (dans La Reppublica) le cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo, archiprêtre de Saint-Paulhors-les-murs.
Hier, a-t-il ajouté, nous vénérions ce lieu « par tradition », alors « maintenant avoir la certitude qu’il s’agit véritablement des restes de l’Apôtre ne peut que nous remplir de joie ». Selon le prélat, les scientifiques qui ont étudié les ossements ne savaient pas qu’ils provenaient du sarcophage de saint Paul : « Je peux seulement vous dire qu’ils font partie d’un centre de recherches hautement spécialisé qui travaille hors du Vatican. »
Paul de Tarse par Bernardo Daddi (1333)
Benoît XVI n’exclue pas d’ordonner une analyse plus approfondie du sarcophage, malgré les difficultés envisagées (notamment la démolition possible de l’autel : « Le Saint-Père nous autorisera à ouvrir tout le sarcophage, mais ce sera un travail long et délicat parce qu’il est dans une roche très épaisse et qu’il faut éviter de lui infliger le moindre dommage.»